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LES ASSASSINS DE L’AMOUR ! (Essai)
LES ASSASSINS DE L’AMOUR ! (Essai)
Éperonné par le désir de gagner et alléché par l’odeur ahurissante du lucre et le sens insensé des affaires, l’Homme tend ses tentacules pour étouffer le dernier souffle de vie dans la Nature, déjà malmenée et meurtrie. Dès lors, deux logiques contraires entrent en collision, l’une contre l’autre ; la première est machiavélique et diabolique, la seconde est passionnelle et naturelle. C’est l’intérêt insatiable opposé à l’amour inaltérable !
Cet être intelligemment forcené se permet de toucher au fruit défendu, au secret de la Création, qui n’est ni de son calibre, ni de son apanage. De la manière la plus immorale et illégale, il dérègle la principale règle de la reproduction, en tuant son cérémonial et ses rituels. Ce qui me tient à cœur ici, c’est surtout le cas animal. Si on a gobé, tant bien que mal, l’industrialisation de multiplication pour certaines espèces comme le poulet et le lapin « idiots » (comme on les qualifie chez nous), d’abord afin de s’enrichir, puis faire face au besoin accru de protéine à fournir, il est difficile de digérer les manières humiliantes dont sont traités d’autres animaux.
Moi, ce qui révolte dans le progrès (dont les bienfaits, dans certains domaines, sont indéniables), c’est la dénaturation, sinon la destruction de la procréation chez certaines autres espèces en haut de la chaîne animale, que je considère privilégiées, à la limite de la noblesse, tels que les ovins, les caprins, les équidés et les camélidés. Ont-elles nécessairement besoin d’être manipulées génétiquement ou gavées d’hormones intentionnellement ? La brebis Dolly et la vache folle en sont des exemples édifiants.
Ce qui m’attriste surtout, c’est que les chercheurs, les biologistes (théoriciens et praticiens) et vétérinaires sont en train d’assassiner l’amour chez ces beaux animaux par une technique indigne et indécente dite : l’insémination artificielle. Le caractère indiscret, insolent et répugnant, par délicatesse et politesse, m’oblige à vous épargner les affres de sa description. Amis du nord, vous aimez entendre le brame des cerfs dans vos forêts et voir les petits groupes de biches qui dressent les oreilles pour écouter l’excitant appel des mâles en rut, qui se disputent en faisant claquer leurs bois, n’est-ce pas ? « Ils se possédèrent, retrouvant l’amour au fond de la mort, dans la même volupté douloureuse des bêtes qui s’éventrent pendant le rut. » Quelle belle citation d’E. ZOLA !
D’autres animaux, comme les ongulés, partout dans le monde, ont leurs rituels pendant la saison des amours. Entres mâles, la lutte est terrible et fatale, mais les femelles aiment les tours de force et les parades nuptiales de leurs beaux mâles dominants : piétinements, reniflements, attouchements, murmures au cou, derrière les oreilles. Ce jeu intime est doux et bien rassurant. (L’animal mâle ne sait faire que des câlins, seul l’homme mâle commet parfois l’acte sexuel assassin : le viol.). Le cheval et le dromadaire décrochent le haut titre de noblesse. Le premier fait craquer sa femelle par sa voix suave, mi-hennissent, mi-gémissement, et il suffit qu’il lui caresse la croupe de ses lèvres enfiévrées qu’elle tourne la tête pour regarder l’ardeur dans ses yeux et ressent les ondes vibrantes qui le font frémir de désir. Aussi, bien excités tous les deux, se produisent sécrétion, dilatation, réception et copulation.
Le second, en hiver, à la saison des amours, renonce à manger et à boire et il devient très jaloux, même de son maître, le chamelier. Les yeux des hominidés curieux et indiscrets les énervent et lui font voir rouge. Il blatère tout le temps et à l’abondante mousse aux lèvres pendantes s’ajoute une sécrétion noire et gluante qui suinte de deux glandes derrière la nuque. Par le flair et la poursuite, les chamelles, enivrées par l’effluve très fort du mâle finissent par s’arrêter, crier de désir et se plier. Elles sont impatiemment prêtes pour l’éternel instant. Pour honorer sa belle femelle, l’énorme mâle, la monte doucement en mettant en avant ses pattes antérieures pour l’enlacer par les épaules. Leurs ébats sont aussi lents que doux et caressants, mais, à la fin, ils deviennent légères vibrations et doux frissons, chez « monsieur Dro. », et suaves bercements languissants, chez « madame Cham. » !
Vous voyez donc que même chez l’animal, l’amour n’est pas seulement un acte brutal qui se fait à la hâte pour multiplier l’espèce, mais un plaisir, une jouissance qui se partagent longuement dans la tendresse et la concordance ! Pourquoi l’en priver, alors que la Nature lui en a donné ? Avez-vous vu, comme moi, la scène avilissante de ces nobles étalons fougueux, chevaux ou bœufs ou chameaux, qu’on excite pour les faire monter sur « des grosses peluches en plastique » en guise de femelles afin qu’ils déversent, dans de longs tubes, la sève précieuse de leurs corps, qui sera congelée dans l’azote liquide et vendue à prix d’or pour fertiliser des centaines et des milliers de juments, de vaches et de chamelles ? L’argument est prêt pour les scientifiques : améliorer et multiplier les espèces ! Que nenni ! Cà c’est l’endroit doré, mais montrez-nous l’envers cendré de votre médaille, messieurs !
Dieu crée et fait procréer, par contre, l’homme manipule, fait, refait et défait ce qu’il ne peut créer, pour ses propres intérêts !
Toi, espèce humaine, n’es-tu vraiment pas tentée par l’idée d’obtenir un bébé sur commande (sexe, race, couleur…etc), en sacrifiant amour, glamour, désir et plaisir ?
De toutes façons, moi, non ! Bientôt, je vais renoncer aux protéines animales, adieu viandes de bêtes abêties par « les pratiques ultra- modernes » des nouveaux négriers animaliers ! Je vais devenir végétarien ! Vive le bio ! Vive la protéine végétale ! Vive la nature et le naturel ! Çà assure une bonne longévité et nul besoin de viagra. Car l’artificiel et le gras sont mauvais pour la santé !
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