Les Aiguilles dormant, emmitouflées de neige,
La Verte et les Drus, sont des fantômes blancs.
Le regard voyageur erre jusqu’au Mont Blanc
Dont le dôme adouci se perd dans un ciel beige.
Froid des matins d’hiver, la vallée reste obscure,
Comme étouffée sous un linceul vierge et glacé
Sur les vitres, des feuillages entrelacés
Font des dessins brillants de glace claire et pure.
Aux gouttières des toits et tout au long des chaînes,
L’eau de fonte a coulé et sous l’effet du froid,
Forme des pendeloques qui tombent tout droit,
Festons étincelants dans l’aube souveraine.
Pas un bruit pour troubler cette sérénité
Des montagnes parées en leur robe de noce
Rien ne vient déranger, dans ce matin précoce
Leurs pentes trop ardues, leurs pics déchiquetés.
L’or en fusion allume les plus hauts sommets
Les premières rumeurs naissent dans le faux-jour
Le tourisme s’éveille en un bruyant bonjour,
Et son agitation silence compromet.
Alors l’homme serein revient en son chalet.
Il se sent étranger dans cette foultitude.
Et toute la journée, il en a l’habitude,
Loin des potins du monde il saura méditer.
Et puis au crépuscule où les gens fatigués
Rentrent pour se grouper où la Mode se branche,
La paix revient enfin sur les montagnes blanches
Et le poète sort pour mieux les admirer.
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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)