retour.....
Retour dans le creuset de la vie ordinaire,
Retour d’un endroit triste où j’ai vu la misère
Des hommes prisonniers de leur grande souffrance :
Soins intensifs, salle de garde des urgences.
Chambres surchargées, box où les lits s’alignent,
Dans la salle de garde aux néons qui soulignent
Des lits en long, entre portes des chambres.
Un paravent pour deux et la pudeur se cambre.
Hommes et femmes mêlés, le sexe est effacé
La blousette couvre à peine, on est gêné.
Électrodes couvrant le ventre, perfusion,
Mais dans l’immense salle, aucune confusion.
Marchant vite où courant, une armée d’infirmières,
De soignants, d’infirmiers, très attentifs s’affairent
Chacun connaît sa tâche, la remplit avec cœur.
Pour les alités lentement coulent les heures.
Certains sont à la mort, d’autres ont peu d’espoir.
Je saurai que deux sont partis avant le soir.
Mais jusqu’à la dernière seconde, la lutte
Ne cesse jamais avant l’ultime culbute.
Contrainte d’urinal, de bassin, en public
Gêne profonde de déranger, mais le hic
C’est l’envie douloureuse qu’il faut assouvir
Alors on peut se retenir jusqu’à vomir.
Même la nuit, le va et vient est très intense.
Les moniteurs sonnent et jamais aucun silence
Ne permet le repos où l’oubli d’un moment,
Toutes les deux heures, contrôles et prélèvements.
Dans cette grande salle où l’humain se dissout
On se rend compte mieux de notre place, Ã nous.
Tous ces soignants ont aussi soucis et problèmes
Qu’ils s’exposent entre eux et qui leur vie parsèment.
Ce sont des hommes et des femmes comme nous,
Sauf que, pour les malades, il faut oublier tout.
Et pendant ce temps là , dans la pièce immense,
Un patient râle et commence une triste danse.
Quand pour une chambre je suis ressorti de là ,
J’ai su que, plus jamais, je n’oublierai cela.
J’étais un bienheureux, malgré mon mal poignant,
A côté de ces malades, de ces soignants.
Mon cas était sérieux, certes, mais pas perdu,
Alors que pour beaucoup, verdict était rendu.
Et toujours, dans la mêlée, les chariots circulent
Poussés par tous ces gens qui les soins véhiculent.
Le 5 juillet 2006
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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)