Les mots sont bien vivants dans ce monde oxygène,
qu'ils soient vieux de mille ans ou montés à la chaine,
ils ont tous en commun l'originalité,
que la nature des choses a transmis sans compter.
Il y a ceux qu'on fréquente du levé au couché,
fidèles serviteurs, compagnons zélés,
secrétaires perpétuels de singulières gammes,
sans qui le quotidien deviendrait vite un drame.
Il y a ceux délicieux des erreurs d'aiguillage,
quand un wagon de mots se trouve en décalage,
les gros et les petits, ceux qui montent sur le toit,
ces sauvageons qui crient des jurons de surcroît.
Il y a les mots d'amour, océan d'affection,
exploiter leur bravoure n'est que noble ambition,
à chacun sa façon, à chacun sa manière,
ces mots la mon ami ont très longue carrière.
Ceux des blessures à l'âme je sais leur pénitence
et donc jamais n'abuse des maux en turbulence.
Pour les mots sans papier ou les mots de passage,
il y a notre attention ou notre indifférence,
j'accepte volontiers les échanges en langage.
Si l'idée vous venait de traduire en justice un mot mal habillé, perdu ou orphelin,
de le mettre aux arrêts pour en gommer des lettres ou le réduire en nain,
vous seriez malheureux d'apprendre en la matière,
qu'un mot possède une âme impossible à faire taire,
sa force tient en ce qu'il est unique et fier,
d'exister et de vivre aux côtés de ses pairs.
Et le peuple des mots continue son chemin,
visiteur pressé ou partageant le pain,
dans la grande cohue des pensées quotidiennes,
en paroles fertiles ou justes comédiennes.
Je lui souhaite bon vent, je sais qu'il est fidèle.
JB
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Je crois à la force de la poésie