Je suis la cinquième lettre de l’alphabet
La seule que l’on traine comme un boulet
On m’utilise dans les poèmes en couperet
Le E instable, le E caduc, le E muet
Si le poète dans son élan déclame ses vers
D’un ton viril, robuste, ayant du caractère
Alors là , on dit que je suis un E masculin
Dans la douceur sans véhémence un E féminin
J'existe à la fin d’une phrase sans l’avoir voulu
Parfois coincé entre deux lettres on ne me voit plus
Poètes pour moi vous ne pourrez jamais rien faire
Car je suis le E maudit, le E aigri, le E arbitraire
Pour le puriste, le grand poète, le E muet n’est pas digne
Il aime la perfection, alors ses oreilles je les égratigne
Pourtant tous ces alexandrins sont écrits avec entrain
Je suis le E muet, le E silencieux, le E interdit, le E coi
SOLANE