Sur la route de l'automne, jonchée d'aigres plaintes,
Crissent des feuilles mortes telles de sèches quintes,
Un soleil épuisé s’évanouit à l’horizon,
Inonde mon âme d’une langueur sans raison.
Triste le chant des sirènes sur les berges coites,
Quand les flots esseulés retirent leurs voiles moites,
Et que déserte et sombre l'allée des amoureux
Regrette les effluves fleurés des cœurs heureux.
Trop bas le pont courroucé de ce ciel sans visage,
Que très bientôt lacéreront des rapières de rage !
Déjà le crépuscule a mis sa cape de sang
Pour écouter de l'orage son lugubre chant.
Tout s'incline, piétine, grondante sonne la chute;
Les beaux jours s'enlisent dans une saumâtre fuite.
Adieu l'été, et nos amours ! Nos purs plaisirs,
Nos rires pétillants, et nos échevelés désirs.
Pareilles à des ouragans se déchaînent mes craintes,
D'une confuse douleur ma poitrine est empreinte.
Lointaines nos balades dans les bois ombragés,
Où nous roucoulions, ivres des émois partagés.
Las mon cœur, grelottent mes pensées, ballotées
Telles des feuilles mortes par le sort desséchées.
Je vois déjà tomber du ciel des flocons vaporeux,
Linceul collé sur le corps, en ces jours noirs et creux.
Khadija