le nuage et le dahlia, fable (pour le plaisir. repost de 2009)
Un nuage pas pressé
Paressait sur son chemin
Un joli matin
Par un zéphyr caressé.
Ce faisant, il faisait ombre
A un dahlia fier et sombre
Qui enrageait
Car le soleil l’arrangeait
En faisant briller ses couleurs
Qui étaient sa gloire et son honneur.
« Vas-t’en, suppôt de Borée, source de cafard,
Père de la pluie qui ternit le miroir
Du ciel où je m’admire.
Je ne pouvais imaginer pire
Qu’un nuage, le jour
Où je déclare mon amour.»
En effet le beau dahlia se consumait
Pour une rose sa voisine
Qui l’avait envoûté
Ensorcelé, ligoté
Dans les émanation divines
De son parfum qui embaumait.
Le nuage bon prince se poussa
Et le dahlia aussitôt se haussa
Pour mieux s’exposer au soleil.
L’été étant cette année là sans pareil,
Les rayons ardents firent d’abord éclater
L’or des corolles, mais le joli cœur dut bientôt déchanter.
Desséché, flétri, mourant de soif, pétales fripés,
Il se voyait déjà par la mort frappé
Aux pieds de sa promise.
C’est alors qu’une sensation exquise,
Larmes de compassion et de tendresse,
Don de vie autant que caresse,
Vint de son sort changer le cours.
Le petit nuage était revenu à son secours.
Depuis ce jour les dahlias sont heureux
Quand au cœur des étés de feu
De modestes nuées leur proposent un peu d’ombre
Et des gouttes pures sans nombre.
Rafraîchis, radieux, ils sourient à leur belle
La rose de sang, qui les ensorcelle,
Et les jardins en sont plus radieux
Tout cela grâce à un nuage malicieux.
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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)