Qui pourrait bien ...
Qui pourrait bien me faire oublier ton absence ?
Que pourrais-je encore admirer sans ta présence ?
Pourquoi voir des beautés quand il n’y a partage
D’impressions, de regards, dans un même langage ?
Oui j’aurais tant aimé communier avec toi
Au long des plages claires, des sentiers et des bois,
Partager les odeurs des mousses et fougères,
De la grande futaie, plonger dans les mystères.
Au col du Télégraphe, il eut fait bon aller
Quand la belle églantine allume les vallées,
Et que l’on voit flotter la Barre des Ecrins
Comme une voile blanche, dans l’azur, très loin.
Nous aurions parcouru les alpages en fleurs
Les prairies, camaïeux de dix mille couleurs,
Les ruisseaux chuchotants nous auraient dit l’histoire
D’un futur amoureux auquel nous pouvions croire.
Les pieds sur les chemins, tête dans les nuages,
Nous aurions défié les montagnes sans âge,
Admiré les glaciers aux séracs fracassés
Et les sommets neigeux, solennels, compassés.
Nous aurions sillonné les grèves sablées d’or
Les caps déchiquetés plongeant dans l’eau qui dort
Nous nous serions baignés, enlacés et heureux,
Oublieux de tout, comme sont les amoureux.
Tous les deux si unis, tous deux inséparables
Nous aurions partagé des moments admirables
Et fini chaque jour en éblouissement
En nous faisant l’amour face au soleil couchant.
Tout cela se dissout en brume trop légère
Que le vent du temps va balayer, éphémère.
Oui, cela restera pensée inassouvie
Et qui n’aura jamais pu éclore à la vie.
Mais pendant très longtemps, très loin dans l’avenir,
Quand je serai sur les sentiers, ton souvenir
Marchera près de moi comme une ombre amicale,
Et nous serons alors en communion totale.
Jusqu’à mon dernier pas, l’ultime promenade,
Tu seras avec moi, et ces douces ballades
Avec ton fantôme me feront retrouver
L’amour pur que je n’aurai cessé d’éprouver.
Le 14 juin 2006
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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)