Et voilà que je t’aime
Dans un dernier sursaut
Au fond de ces draps blĂŞmes,
Semence pour diadème
A nos Anges infernaux…
Et voilĂ que tes cris
Percent encor ma peau
Et ma chair se débande
Jusqu’au prochain galop…
VoilĂ que ton haleine
Est comme ces champs de blé,
Dont les parfums se traînent
Sur les épis lassés,
Nos corps sont ces vaisseaux
Qui n’ont plus de misaine
Et galères sont nos peaux
Sur autant de mers chiennes…
Je frissonne de Toi,
Ton sexe est ma lanterne,
Le mien est ce beffroi,
Alors, aimons-nous vite,
Surtout garde tes bas,
Tes jarretelles sont frondes
Jetant leurs pierres d’ondes
Au plus profond de moi
Et nous verrons ensuite…
Je vais, je viens, j’inonde
Jusqu’à tes dernières soies,
Viens te faire Joconde
Sur le tableau des draps,
Je vois ta fesse ronde
Et ton sein qui se tend
Et mon pinceau te sonde,
Je suis déjà en Toi…
Brossons la mĂŞme toile,
Donne-moi ta palette
Et mélangeons en nombre
Nos caresses expertes ;
Les Amants d’Autrefois
Sur les tableaux craquelés,
Les filles aux bas griffés
Et aux grands yeux cernés
Et toujours pleins d’effroi
D’un Toulouse-Lautrec…
Nos chairs se sont mêlées,
Nous sommes éperonnés,
Nos corps en craquements
S’écartèlent à jamais,
J’ai jamais joui autant…
Tes yeux sont ces trous d’eau
Où je m’enfuis peureux,
Bien au-delà des Temps…
Jacques Hiers
Texte déposé. Tous droits réservés.
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