Un ange aux flots donné dérive au gré des vents
Du céleste courroux qui s'éloigne en mémoires,
La scène arrache au sage une larme élevant
De faibles mouvements dont s'amusent les Moires.
Et l'acier importun s'invite entre leur front,
Affligeante raison, abominable affront !
Une armée de regards sur la rive pullule,
Mille dards dirigés vers la tête des cygnes
Face à face, effrontés, que le serpent désigne
De sa langue fourchue sous l'astre funambule.

De son aile blessée, l'enfant heurte la pomme
Et sa vermine infâme en galeries meurtrit
Toute l'acidité de ce qu'alors on nomme
Tentation, ce vase où toute fleur se flétrit.
Sous le plumage amer, l'enfant laisse son sang
Et dépose dans l'onde un murmure innocent.
Le carquois coule alors dans l'ombre de ces âmes
Et se brise en l'abysse, assombrie plus encor,
Tombe où l'ironie luit sur d'infantiles corps,
Des anges putréfiés que les amants réclament.

A travers les roseaux, les yeux tendent leurs mains
Pour attirer vers eux les duvets en surface,
Délier l'Ouroboros mordant le lendemain
Qui se meurt sur le fil et lentement s'efface.
La pluie semble des nues s'évader et s'enfuir
Mais ce sont leurs sanglots ! Ils désirent enfouir
La rigueur de leur sel dans la profonde vase.
Hélas, leur front pâli doit servir de tombeau
Aux reflets parsemés de bleuissant flambeaux
Et l'ange à la surface évolue, puis s'embrase.

Les paupières sourient et les doigts se replient
Sur leurs plumes souillées par les jeunes viscères
Emportés, disparus, sous l'œil ensevelis,
Les insanes amours étaient pourtant sincères.
Et regagnant la berge, quelques plumes s'envolent
Par-delà les coteaux que le tonnerre affole.
Les cygnes n'iront plus troubler le sang des eaux
De leurs palmes lésées par les restes de l'ange.
Ce lac nauséabond n'est plus qu'un noir mélange,
On y perçoit toujours l'agonie des oiseaux.

thanatos8.skyrock.com

je m'incline à vos pieds et réclame...
Encore!
magnifique, je n'ai aucune envie d'écrire après cela, juste de vous lire.

(sincèrement)

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c'est toujours quand il est parti qu'on se rend compte que le bonheur était là!