Mots croisés
Repli sur soi en treize lettres : «*»
Mademoiselle Flanelle, inconsciemment, compte jusqu'à dix les portées d’infini éloignées de son raisonnement. Un à un, le bout de ses doigts se place sur l'arrondi de son doux menton. Elle somnole. Libre de toutes attaches, elle aimerait mettre dans les cases libres de la grille des mots ainsi accouplés, son propre nom.
Laura Flanelle, en treize lettres, fille de ...
Son souffle est court. Est calme. Ebaubi son « body » devient las, couché, vautré, abandonné. Elle est. A pas murmurés,un chat venu d’un autre chapitre se loge sur une étagère de verre. Cet animal est-il pitre ? Et de l’épître, l'imprudent, ignore t-il le sacrifice issus des pulsions féminines inassouvies ? Pourtant, d’un slalom lent, sûr et prudent, il évite les objets désuets, alignés, collectionnés un à un. Toutes ces lettres écrites construisaient l’édifice menant à l’ouverture d’un doux présage :
« Au delà des définition le sens te touchera »
Les grains éparpillés de sa beauté injuriée sur ses joues rebondies, le marron cuivré de ses pupilles perdues, vers où ? Je l’ignore, le roux feu de sa chevelure ambrée détachée sur ses épaules reposées, libres de tout touché, le léger mouvement de son cœur qui bat en vain sous le rond de l'un de ses seins, le gauche pour être au plus précis, sa jolie silhouette abandonnée entre les plis de ses draps, satin pour le soigner du touché de ses mains, tout ici semble renseigner sur l'absurde d'un tel état, cette solitude si dure, si rude, qu’on peut désormais presque se l’imaginer en pleine tête.
Intimement, elle décompte, déjà six !
Laura, dans sa chambre close, s'endort toute nue. Oubliant ce terme réducteur qu'est son patronyme, la belle dormante, doucettement, continue, par association d'idées, à laisser dériver librement son esprit en quête du terme le plus exact. Treize lettres.
Cinq ! Quatre...
- « Je t'aimais mon am... » Non, pas cela Laure, elle se perd dans les mauvais temps.
- « Tu me manques pl... » Ses lèvres essaient de dire.
Trois.
- « Dis, où va ton âme…? » Encore moins ceci, belle maîtresse, déjà elle rêve.
Deux.
Les tapotements gommeux du crayon de bois sur le "formica" de sa table de travail imaginaire rythment sa réflexion solitaire et s'envolent en résonnance dans les nuages jaunes fluo unipolaires.
- Toujours se taire, c’est clair et tenter de ne pas trop déplaire. Elle perçoit dans le lointain sa voix.
Depuis, Laure s'ennuie un peu dans ses nuits sans lui.
Replier sur soi
Pourtant, il lui faut admettre qu'ici, flâneuse, sur le quai de cette unité à treize lettres, elle n'est pas vraiment seule, mais entourée d'une multitude d'autres cas.
Un.
Envie d’isolement. Elle s’était souvent interrogée sur ces émanations d’êtres, tous vêtus d’un noir pure, l’accueillant dans son sommeil paradisiaque. Puis, à cours de conclusion, elle avait simplement renoncé à élucider ce mystère sans solution qu’est la lassitude dans ses songes érotiques.
Plus personne ici n’a le pouvoir de la toucher, elle doit l’admettre.
A part peut-être son chat…/…
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