Marginal.
MARGINAL
Marginal à plein temps, chômeur de longue date,
Inadapté voulu aux hommes qui se battent
Pour un peu de billets, des paroles qui flattent,
Je promène mes jours sans les faire produire.
Je traîne à reculons le poids de mes devoirs.
Adepte de mes rêves aux mondes utopiques,
Aux contours déformés de mes réalités,
Je réponds peu "présent" aux faits de sociétés.
Je suis le canard noir des portées de printemps,
Dissemblable à mes frères, en ligne avançant,
Un chiendent au milieu des laitues arrosées,
Profitant de leur eau, leur terre et leur fumier.
Marchant à contresens, je bois l'eau défendue
Des fontaines perverses aux goûts bien incongrus.
Dans mon jardin d'idées jamais entretenu,
Pousse l'herbe inutile des libres étendues.
Mon oreille est sensible au son désaccordé
Qu'engendrent les faux pas des hymnes orchestrés.
Je suis le clou tordu des établis rangés
Que les endoctrineurs ne pourront enfoncer,
Un pion mal disposé sur le grand échiquier,
Gênant la stratégie des maîtres à penser.