Son ombre sur les quais des gares ou des ports
A laissé son empreinte au béton, au bitume,
Mêlant sa solitude en d’incertains rapports
Aux âmes de passage au souvenir posthume.
Les yeux rivés au sol, dans son imper trop grand,
Sa longue silhouette a traversé la foule.
Dilué dans la masse où l’amour est migrant
Il n’a jamais trouvé que désir qui refoule.
Il arpente la vie son bagage à la main.
Son unique richesse est là dans sa valise.
Chaque soir il ne croit en aucun lendemain
Déchargeant son plaisir comme il s’animalise.
La brûlure l’emporte en des mondes meilleurs,
Consumant son angoisse, incinérant son rêve.
Le sommeil le capture, endormant ses frayeurs
Qui renaîtront au jour après une nuit brève.
Le voyage sans fin reprendra jusqu’au soir.
Après avoir plié son fardeau de supplice
Il faudra qu’il s’en aille, il ne peut y surseoir.
Quel que soit le destin il faut qu’il s’accomplisse.
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Christian RAY avec Michel Drucker et Patrice Laffont