Je vis glisser
Le cygne blond
De son as irisé
Sur l'étang de nos soirs;
Donc, elle allait glissant,
Se mêlant aux draps noirs
De la couche froissée...
Je l'aimai
Avec ce désespoir
Propre aux Amants vrais,
Son cri de cygne dans le soir
Picora mes pensées,
Les bruissis de la couche
Ridaient ici nos eaux
Et, cygnes voluptueux,
Plumes à plumes sur les mots,
Nous fîmes un poème,
Celui des Amants fous
Mourant au bouche à bouche...
Son corps blanc, je l'avoue
N'était qu'un satin flou
Qui se brodait d'éclairs,
Elle satina ma peau
Et de ses longs doigts blêmes
Patina tous mes mots;
Cygne au col long,
Extrême,
Dédaigneux à la fois,
Attentif à nos lois,
Elle saisit là mon col
Qui glissa sous les bois
De son arche souveraine,
Faisant tinter ici mon bec de cramois...
Nous battîmes des ailes
Et je glissai en Elle,
Comme un long feu de joie,
Succession d'étincelles
Et d'étoiles à la fois...
Deux cygnes étaient passés
Derrière le miroir de leurs eaux...
Jacques Hiers
Texte déposé. Tous droits réservés.
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