Mascotte d'Oasis Inscrit le: 1/11/2010 De: Envois: 10690 |
Mémoires du petit Albert Mémoires du petit Albert
Je n'étais pas bien grand, C'était au temps des culottes courtes et de l'insouciance. Ma giberne de soldat en bandoulière, J'assiégeais, avec mes compagnons de route, La cour d'école de mon village. Ensemble, nous échafaudions des plans secrets. Puis, le maître s'avançait en claironnant. Il avait, dans la voix, une pointe d'impatience, Qui nous rendait quelque peu moins fiers. Alors, notre armée de galopins en déroute, Regagnait, à pas de géant, les vieux bancs témoins d'un autre âge. La leçon de calcul pouvait commencer !
Je n'excellais pas dans l'art des problèmes, C'était le temps des baignoires qui débordent et des trains en retard. Le nez en l'air en guise de grande manœuvre, Je hissais, avec mes compagnons de galère, Le drapeau de la grande paresse. Ensemble, nous fermions les robinets de la réflexion. Puis, le maître déjouait nos stratagèmes. Il avait, dans les yeux, des fusils par milliards, Qui tuaient notre apathie, si laborieusement mise en œuvre. Alors, notre armée de gamins en colère, Se réfugiait, de bonne guerre, à l'abri de l'ardoise forteresse ; Heureux cancres, étions nous, cachant notre jeu derrière nos bastions !
J'étais plutôt nature et découverte, C'était le temps béni où j'élevais des lapins, sans compter. Faucille à la main, en brave petit guerrier, Je battais, avec mes copains d'enfance, La vaste campagne et ses longues herbes folles ; Ensemble, nous oubliions l'Alsace et la Lorraine. Puis, le soleil nous mettait en alerte, Il avait ,sous l'horizon, un regard las et fatigué, Qui nous faisait dire qu'il était temps de regagner nos foyers. Alors, notre tribu de mioches en errance, Martelait, sur les chemins pavés, la récitation apprise à l'école. Demain, le maître interrogerait ! Quelle déveine !
Je n'ambitionnais pas les honneurs, C'était le temps où je confondais fibrine et farine de boulanger. Mon unique cahier pris d'assaut par les souris, Il ne me restait plus qu'à évacuer, avec mes copains de réconfort, La honte que me vaudrait cet inavouable crime. Ensemble, nous voulions faire front devant l'ennemi. Puis, le soleil bataillait contre notre esprit querelleur, Il avait, en rayon, quelques leçons de morale bien éclairées, Qui nous faisaient prendre, du bon côté, la vie. Alors, notre tribu de petits soldats, au bord du remords, Préférait suspendre, pour un temps, hostilités et pantomimes. Ainsi vivait le petit Albert d'autrefois, libre et sans soucis !
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