La vieille et le vent devisent, bras dessus, bras dessous.
Elle, dans son tablier, resserre ses quatre sous.
Lui a, dans son gilet, quelques perles de boue.
La montagne fleurie les attend… Ils ont rendez-vous !
Car voici le printemps, et la Vieille s’en souvient…
Elle prête au fil du vent son foulard qui l’amuse
Pour qu’il chantonne cet air, ce grand refrain
Des amours d’antan et des joies confuses.
Le foulard flotte, doucement, et la Vieille trottine
Emportée par l’élan que lui donne le Vent
Quelques gouttes de pluie ont mouillé ses bottines.
Et verni son beau sourire sans fard, ni dent
Comme elle est heureuse la petite Vieille
Dans les bras de son grand vent !
Elle salue le genêt et la salsepareille
Qui l’étourdissent un moment.
L’orchis pourpre, la simple violette
Infusent de douces couleurs au talus.
La Vieille se penchant, soulève les collerettes,
Appelle l’écureuil d’une petite voix pointue.
Le Vent a forci au sommet de la côte et caracole
Pour offrir à la vieille un bouquet de pétales
Blancs. Et la Vieille, de ses deux mains très pâles
Attrape ce bonheur tout autour de son col.
copyright N° 000 5 0009-1
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