C'est une maison abandonnée, posée comme ça, quelque part dans la campagne. On pourrait tout aussi bien, la déplacer et la poser ailleurs ; comme ces villes fantômes, sorties de nulle part, qu'on monte et qu'on démonte, comme un décor de film...
C’est une maison repliée sur elle-même, une porte qu’on ouvre sur un monde irréel, car celui qui pénètre en ce lieu bascule inexorablement dans "l'intemporel" !
Ici tout est fermé ! On pourrait croire la maison vide pourtant la Vie est Là .
La porte se referme sur le monde et c'est un "huit clos" qui commence dans lequel chaque personnage Ă son rĂ´le Ă jouer ; Ă quelque chose Ă dire... Jusque dans son silence !...
Tout ici donne sa pleine mesure, Ă la mesure de ce que nous Donnons.
Les nombreuses pièces vides et inhabitées invitent ceux qui y pénètrent à occuper l'espace par leur seule présence.
Rien à quoi se raccrocher ! Pas de meubles, pas de souvenirs d'enfance, pas de passé, pas de futur !... Une nudité qui nous désarme parce qu'elle ne supporte aucun masque. Rien pour se cacher ! Nos âmes misent à nues car Tout ici ne demande qu'à se remplir, qu'à s'exprimer…
Des portes s'ouvrent, des portes se referment et la cuisine, pièce conviviale est un point de rencontre à toute heure du jour et de la nuit.
On s'y retrouve pour boire un thé et discuter un peu.
La scène est pour le moins "surréaliste" Il y a des "chats" partout !
Partout l'omniprésence du "Chat".
La grâce et le charme de ce "félin domestique" prend ici toute sa dimension : « Oui Il y a ici par la seule présence des chats, quelque chose de résolument mystérieux ! Envoûtant ! Énigmatique ! » A quoi bon résister... Ils sont ici chez eux. L'idée s'impose à moi comme une évidence...ce sont eux les maîtres de ces lieux.
Et puis, au détour d’un couloir je découvre "ta chambre", c'est comme un coeur qui bat dans cette maison vide... Pour tout décor : un matelas jeté sur la moquette et puis partout des livres et sur les murs : des photos de stars des années 50 aux regards passionnés qui semblent imprégner la pièce par toute la puissance de leur charme !
Nous sommes seuls pour un moment…Et je reste plantée là sur le seuil de la porte, je n’ose entrer, on ne se connaît pas… j’ai juste poussé la porte et … tu étais là , si PRESENT.
Allongé sur un lit à même le sol tu tournes les pages d’un livre, je t’observe intriguée par la grâce féline de tes gestes, ta main relève une mèche noire de tes longs cheveux bouclés.
Tu lèves les yeux vers moi ; des yeux noirs, animés par cette flamme d'où jaillit la Vie et la profondeur de ton âme.
Ton assurance teintée de fragilité a quelque chose d’envoûtant, avec un naturel qui me désarme tu me parles de ta fascination pour Antonin Artaud « le poète maudit ! «
Tu te dévoiles lentement et m’invites dans ton monde, un monde hermétique dont toi seul détiens la clef et dans lequel pour un instant qui me semble une éternité tu m’enfermes à double tour par un charme irrésistible qui doucement m’enveloppe.
Nous sommes si différents ! ... et pourtant ce soir, si proches l'un de l'autre !...
Ta recherche est profondément mystique et solitaire. Toi tu vis au-dedans, dans les ténèbres de ton corps et tu cherches cette conscience qui est TOI dans chaque cellule de ton corps !
Moi je vis au-dehors vers la lumière et je cherche cette conscience Universelle qui unie chaque être à l'univers Entier. Et parfois je m'élève, et parfois je retombe dans ce gouffre sans fin et c'est peut-être Là ce soir où nous nous sommes trouvés ?!
Je suis là , étendue à tes pieds, l'instant nous appartient ! La pudeur est présente ; l'émotion est palpable !... Et nous rejouons tout deux les scènes inoubliables de tous ces films oubliés.
Personnages fragiles et désespérés, qui ne demandent qu'à Vivre, qu'à Vibrer
pour un regard, un mot, un geste.. Se sentir vivre à travers l'autre mais sans vraiment chercher à se connaître, juste s’apprivoiser !...
Je revois ton visage tour à tour sombre et lumineux éclairé par la lueur d'une bougie ; la magie de tes gestes dans la pénombre et ces silences qui imprimaient l'instant au plus profond de nous.
Mais la flamme dans tes yeux s'est éteinte et la porte de ton cœur s’est refermée.
Pour un mot prononcé, un mot de trop sans doute ! et nous avons chacun repris nos routes.
J'ai vécu tant de choses ce soir là ! Cette rencontre insolite et inattendue !.. Tout est resté intact dans ma mémoire et le restera à jamais.
La porte magique s'est refermée et le monde du dehors a reprit ses droits ! Mais l'essentiel était dit !
L’important fût l'émotion vécue, elle ne fût pas des moindres, puisque comme tu le vois, elle me nourrie encore !
(Ă A.........)
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Les gens vivent comme s'ils n'allaient jamais mourir... Et meurent comme s'ils n'avaient jamais vécu.
Le DalaĂŹ Lama
Nul ne peut atteindre l'aube sans passer par le chemin de la nuit… Khalil Gibran