L’onde voyageuse et ses larmes pourpres.
L’onde est voyageuse qui charrie les flots de ses larmes pourpres. Elle s’en va, demande qu’on l’oublie, console le poète : « je sais, c’est étrange, mais le meilleur est à venir… ». Pourtant le poète reste lucide : «Le pire aussi, peut-être, pense-t-il songeur. Si, d’ici, je remonte jusqu’où ruisselle ta source, pourquoi n’y retrouverais pas toutes les blessures humaines diluées en une couleur essentielle atténuant l’horreur du passé ? Un passé sur le point d’être présent, que rien n’arrêtera plus, puisque, d’emblée, il emprunte au futur. L’onde est voyageuse qui gonflera les flots de ses larmes pourpres.
Elle vient, puis s’en va, me laissant là le regard fixé sur ce qu’il est impossible de dompter. Je peux bien m’arrêter sur quelques méandres et tenter d’en percer le sens et le fil ; à mon poste, derrière les roselières fébriles, j’imagine des flèches et des lances sanglantes, la force des armes, la faiblesse des mots pour aimer puis trahir : chaque reflet fugace raconte à sa façon les pensées éphémères et toutes les vérités des hommes se dissolvant déjà , avant même d’atteindre le grand océan des âmes. Qu’ont-elles à révéler ces âmes dans le vide abyssal d’une nature humaine érodée au rythme mécanique des flux et reflux ?
Le corail sournois étouffe le silence lui-même. Alors qu’y a –t-il au- delà du silence ? La mort dans l’âme semble éternelle. A moins que la mort ne refuse l’éternité, faisant le plein de petits riens, de nano riens, puisant en eux cette énergie prompte à la subliminale accession.
L’onde est joyeuse malgré les larmes pourpres d’un ciel qui enfante des douleurs nouvelles :
Parce que quelque chose frémit dans mon âme en devenir, que je vais désormais chercher la source qui la fera grandir.
Faut-il à chaque instant m’y désaltérer, vivre et la construire ?
Pierre WATTEBLED- le 27 février 2011
----------------