Me voilà , chère, fidèle à notre éternel rendez-vous, costumé de solitude pour accueillir tes pensées amoureuses qui envahissent mon esprit inerte et affolent mes lois.
Comme la soirée de l'autre année
L'amour revient me condamner,
Puni je suis pour d'autres ères
Dans une prison sans aucun fer.
Comme une nuit d'un autre siècle
L'instinct me prive de ses miracles,
Plié je suis dans un poème
Muet sans mots pour dire je t'aime.
Me voilà , chère, parfumé de promesses que j'ai respirées de tes mots dans un souvenir qui accompagne l'oubli, il dérange mon présent, il aveugle mes yeux et empêche mes choix.
Comme le vieux temps de l'autre globe,
La lune s'en va et se dérobe,
Perdu je suis sans qu'une étoile
N'éclaire pour moi l'espoir légal.
Comme le grand vœux de l'autre soir
D'un ciel qui porte une robe noire,
Peiné je suis avec l'épine
Des fleurs séchées comme de routine.
Me voilà , chère, debout dans un chemin qui décroise mes joies à la mêlée de toutes les douleurs, armé de chagrin hissé dans ma nature tel un drapeau à la mémoire de ton absence où mon cœur a depuis toujours erré. Témoin d'un désir labouré dans un champ de silence dont la récolte donne les belles blessures qui rongent ma petite vie.
Comme la chaleur de l'autre été
Que le soleil a bien quittée,
Gelé je suis en plein hiver
A remuer les plaies en vers.
Comme dans le bal où Valentin
Offre un démon et garde le saint,
Banni je suis pour l'infini
Qui passe sans une cérémonie.
Me voilà , chère, muni d'une plume en bouclier dans la tornade d'un sablier, d'une feuille qui porte mes rimes cédées au vent des rêves qui viennent roder, d'un doigt qui sait la broderie du verbe qui hait et qui chérit. Me voilà , chère, comme de coutume, tout seul à devoir écrire une merveilleuse histoire d'un amour inconnu, je suis poète, je connait l'art de concevoir ce bonheur intangible tout seul et de le déguster séparément, amèrement à deux.