L'Ă©ternel galant
Il a pour vous les femmes, Ă©crit bien des chansons,
Rendu bien des hommages aux laides comme aux belles
Et quoi que puissent en dire les donneurs de leçons
Tout au long de sa vie il est resté fidèle.
Fidèle à la Femme, au F majuscule
Et non à ces pécores ou à ces mijaurées
Qui jettent un peu trop vite sur nous leurs tentacules
Et ont pour idéal de nous émasculer.
L’herbe est toujours plus verte dans le champ du voisin
Alors pourquoi ne pas changer de pâturage
Et ne remettant pas les choses Ă demain
DĂ©s sa prime conquĂŞte il fit sien cet adage.
Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse,
Qu’elle soit brune ou blonde quel que soit son prénom,
Qu’importe la Suzon pourvu qu’on ait ses fesses,
Il était tel Jason conquérant leur toison.
Portant comme prénom celui d’un roi illustre
Que l’on vante souvent pour sa virilité
Comme lui, dans l’art du déduit depuis des lustres
Il a toujours su ses compagnes contenter.
Comme Georges il suivit la femme adultère
Quelquefois de si prés qu’il s’y brûla les ailes
Et qui aurait le cœur de lui jeter la pierre,
Pour s’être tant épris de vous jolies donzelles ?
Croirait on qu’avec l’age il se serait calmé,
Il n’y a qu’à le voir auprès des midinettes
Le sourire aux lèvres, l’œil toujours aux aguets
Il cultive ardemment l’art de conter fleurette.
La vue d’un cotillon le met d’humeur joyeuse
Comme Ă ses vingt ans, il repart au combat
Le geste reste sur, la parole enjĂ´leuse,
MĂ©lange de Don Juan et de Casanova.
Et quand l’heure viendra de son dernier repos
Nul doute qu’en voyant approcher la Camarde
Il s’écrie : «Belle dame donner moi un bécot,
La fin paraît si douce lorsque je vous regarde. »
Celle-ci jettera au loin sa grande faux,
Le prenant dans ses bras elle l’embrassera,
Après avoir payé à Cupidon l’écot
Il pourra convoler jusque dans l’au-delà .
Ayant ainsi trouvé une femme fatale
Il pourra paresser, blotti contre son sein,
Nous communiquerons par l’antique cabale,
Je sais au fond de moi qu’enfin il sera bien.
Mais si de temps en temps passe une gente dame
Nul doute qu’il saura en souvenir d’avant
Lui démontrer sa fougue, lui déclarer sa flamme,
Car il est avant tout un Ă©ternel galant.
(à mon père)
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Il ne faut jamais remettre Ă deux mains ce que l'on peut faire avec une seule (Pierre Dac)