Je suis de celles...
J’étais de celles qui remontent leurs manches,
Pour aider l’UNICEF à battre la misère,
Je renie la confesse des belles le dimanche!
On a encore jamais vu manger des prières!
J’étais de celles qui hurlent à l’injustice!
Vers tous ces juges qui enferment leurs erreurs!
Aux capitalistes décorés par leurs vices,
De luxe blanc vomit par nos labeurs...
J’étais de celles qui diront toujours non...
Aux écoles désertées que l’on condamne...
A nos enfants perdus dans l’ombre du nom,
Des arbres sacrifiés sous le macadam...
J’étais de celles qui polluent Babylone!
En croyant à l’amour et à la liberté!
En ne dépensant pas mon salaire de bonne!
Au grand profit de l’enfance exploitée!
J’étais de celles qui enfantent dans la douleur,
D’offrir un monde triste à en pleurer,
Mais qui se battent pour voler des couleurs,
Aux arc-en-ciel, en nos cœurs égarés...
Aujourd’hui je suis une amazone,
Armée d’espoirs, de rêves et de poésie...
Et je suis de celles qui marchent sur le cyclone,
Qui nous fait un jour poser le fusil...
Je suis de sel sans l’océan de larmes,
Qui se régénère dans les bras du soleil,
D’un autre monde sans douleurs et sans armes,
Le malheur sait ...que les femmes veillent...
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La poésie est à la fois une cachette et un haut-parleur...Nadine Gordimer,Afrique du sud 1923