Je porte un plateau d'or,
Mais mes yeux ont sombré au fond d'un abîme déserté.
Je laisse la nuit tout emporter
Je volais le feu dans le regard de la pénombre,
Je volais le feu dans tous les taudis immondes.
Je cherche le feu mais c'est la glace qui m'enlace.
L'encre noir recouvre mes roseaux,
Mercure pleure sur mes rideaux,
Les fourmis inondent mes fenêtres,
Le dernier pétale frisonne,
Je laisse la nuit tout emporter.
C'est l'ancrage sur le sol terne,
C'est la Terre sans atmosphère,
Enfants fragiles qui jouent aux quilles,
Parents qui crient "Gare aux murènes
Qui vendent leurs filles aux âmes humaines !"
Tous les noyés gagnent l'horizon,
Et les vagues filent à reculons.
Les couleurs en mouvement et les reflets tronqués
Déteignent sur la ville.
Un arbre a englouti la Lune.
Le silence du feu, sans vague, sans vent,
Éclaire les ombres du présent.
Puis dans le ciel immense,
La Lune embrase les nuages,
Les plaintes se perdent au milieu des étoiles,
Je laisse la nuit tout emporter.
Ce matin un arbre m'a fait pleurer,
Je suis sauvé.
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