Après l'amour

Après l'amour, il y a un long couloir qui fuit de la pièce dans laquelle nous aimons à être. Nous n'y sommes que trop peu souvent hélas encore...

Après l'amour, ce soir, je viens m'asseoir derrière ma table de travail. Ai-je donc quelque chose de si important à faire ? Lorsque je me rends compte et pour ne pas avoir l'air trop bête, je dérange quelques feuilles de papiers... De droite, je les fais passer à gauche, ou de gauche, je les place à droite. Ainsi, mes mains sont occupées et je me donne l'impression d'accomplir une tâche qui n'aurait su accepter le moindre retard...

Il est assis en face de moi, bien calé au fond du fauteuil, l'œil en arc de ciel, les genoux hauts croisés parce que le fond de son fauteuil est profond et qu'il l'oblige à admettre la présence de ce sommet tendre sur la ligne droite qui va de mes yeux à son regard...

Le nylon de ses cuisses se laisse deviner, il est piste d'atterrissage sur laquelle crisse et se laisse entendre la star de nos vols épanouis. Dans sa main un verre de jus de fruit se balance au rythme langoureux et démesuré, c'est à dire, hors mesure de son plaisir-souvenir...

Les doigts de sa main droite se posent sur le tendu de son chemisier blanc au travers de ce voile immaculé, il se rassasia de sa propre chaleur et refait le chemin de mes fugues au piano de notre commun concert...

Nous venons de consommer l'amour...

Une goutte de sueur, transpire use, pierre de lune, s'insinua dans l'échancrure du vêtement. Je l'observe aller se perdre entre les globes qui tendent la soie. Cette gouttelette, dernier vestige, fin d'un vertige de fin de joute. Relique sainte d'un humain partage m'obsède et m'aveugle...

Parole et musique de Brel ou Reggiani, enfin de l'un de mes frères de gloire et de honte, le souvenir s'estompe, viens bruiter notre silence...

Et toujours ces morceaux de papiers insignifiant que je déplace. Il n'y eut pas de champs de bataille. Non, démon lubrique, ne cherchez pas ici, de vainqueur, ni de vaincu. Il n'y eut pas ici de possession de l'un de l'autre. Il n'y eut qu'un champ de partage. Nous ne sommes point possédés...

Nous avons accomplis mieux, nous nous sommes aimés !

Je reptilise en vers lui, mais pourquoi faut il que je me trompe de manche? Ou est celle de droite, ou est celle de gauche?...

Je délace au lieu de lacer ! La tunique tombe après s'être laissé glisser le long de mes courbes du pays qu'il m'offre. Les boutons de nacre qui barrirent son chemisier se lèvent un à un, saluent un soleil qui se lève entre nous, dont les rayons réchauffent nos terres assoiffées l'un de l'autre, l'une de la source de l'autre. Ils éclatent et se perdent dans la fumée du feu de bois que nous venons d'allumer...

Un nylon, non, deux minuscules particules de nylon sautent à mes yeux, écorchent mes doigts et ensanglantent les paumes de mes mains. Je suis feu et il est incendie...

Dernière frontière... Il tombe...

Nous communions d'amour... Nous grenetions...

Le devenir de l'amour se lit au grain de peau de l'homme qu'on révère!

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Quelle finesse ! J'ai adoré...

J'ai adorée suivre ta plume magnifique ,sensuelle aussi et juliette04 à raison tout en finesse.

Par hasard je passais !
J en'ai pas pu décrocher!
J'aime beaucoup ta plume je devrais te lire plus souvent!
Tu as le sens des détails !
Très beau style!

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Tu as su nous donner une vision à la fois subtile et sensuelle d'un après l'amour qui n'est qu'un prélude à l'amour.
HONORE