Ô voix fulgurante, fusant du creux de mon âme,
Lyre aux frêles cordes, sous l'aisselle frémissant
Des songes violacés, abandonnés à la rame,
Prosterne-toi devant ce reflux assourdissant
Où l'azur de l'espoir efface l'ocre du drame,
Aux flancs de l'évasion d'une voile gémissant.
Porte ma colère jusqu'à l'île du partage;
Ô juste rage, sur papyrus tout sang, tout chair,
Meurtrissure d'une âme qui a trop pris ombrage
D'un glaive sur la dignité, ô dépit amer,
Grossi au sel des souffrances, provisions de mirage,
A l'ombre des remparts, plus sombres sous son éclair.
Je prendrai Liberté, mon voilier sauveteur
De rivages en rivages, forte de ma franchise,
Sur les fiefs des grands caïds, larguerai ma fureur
Soufre, plomb, phosphore, pour que mainmise agonise,
A la mesure de l'abus qu'exhalent puanteur
Des siècles virils que la tyrannie berce et grise.
Raseront du globe les trombes de ma colère,
Ô fierté bafouée, les remparts érigés,
Pavés d'humiliations, de droit de se taire.
En maitresse des lieux, je planterai, protégés,
Sur frontons de patriarches, réduits en poussière,
Respect, égalité, en tresses d'amour forgés.
Khadija