Seul le grand froid lève l'ange las
Des songes amers et consolants !
Seule la peur sonne le glas
Des fantômes des révérends !
Le poète du caniveau
A oublié l'usage des mots;
Sans cane et sans fardeau,
Il se tint seul sur son égo.
Il parcourut les décors
De nombreux théâtres délabrés;
Il dissimula ses trésors
Au fond de la nuit étoilée.
Le ventre vide et les yeux clos,
Il sut chanter comme il faut
La bêtise des gens moraux,
Et la sottise de leurs maux !
Aucun songe, aucun mirage,
N'ont consolé sa soif sauvage !
Seul un couteau dur comme l'airain
Lui permit de combler sa faim.
Enfin l'incendie du décor
A laissé l'ange sur le plancher;
Et seul, dans un silence mort,
Il s'est lentement consumé.
Seul le grand froid lève l'ange las
Des songes amers et consolants !
Seule la peur sonne le glas
Des fantômes des révérends !
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