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     Le dernier vol d’HĂ©li, taxi-libellule
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Expéditeur Conversation
Chibani
Envoyé le :  4/1/2011 13:52
Membre banni
Inscrit le: 9/12/2009
De: Val d'Oise
Envois: 12086
Le dernier vol d’Héli, taxi-libellule
* * * Le dernier vol d’Héli, taxi-libellule * * *


- HĂ©li ! Viens par ici.

Répondant à l’injonction, la gracile petite libellule se posait sur la plus grande feuille de nénuphar de l’étang numéro 2. Héli assurait le transport des habitants d’une mare à l’autre.
Ses quatre ailes transparentes aux nervures solides lui permettaient cette fonction mais il lui arrivait qu’en raison de la charge de ses passagers, ses atterrissages loin d’être stationnaires l’amenaient parfois à quelques bains forcés.
Ils étaient nombreux ceux qui n’utilisaient plus ses services à cause de cela mais comme ses tarifs étaient les plus bas, elle conservait cependant une certaine clientèle.

- Où voulez-vous aller, Monsieur Nèpe ?
- Voir mon cousin Dytique à l’étang numéro 5.

Ce n’était pas la course la plus aisée. Dans l’étang numéro 5, les nénuphars, aux hautes fleurs jaunes comme des renoncules, avaient de toutes petites feuilles qui rendaient les atterrissages scabreux. Combien de fois avait t’elle dû remettre les gaz pour faire un deuxième, voire un troisième passage avant de se poser.

Or, pour le transfert qui nous intéresse, il y avait ce jour-là grand vent. Un vent suffisamment fort pour faire voler les ramures des saules pleureurs et en décrocher quelques feuilles qui allaient certainement gêner sa progression.

- Cela ne peut pas être reporté, émit t’elle d’un ton de prière.
- Non, on m’y attend pour le baptême de sa petite dernière.
- Dans ce cas, en route si l’on peut dire ainsi. Accrochez-vous bien, on risque d’être un peu ballottés.

Leur vol en effet était des plus incertains. Ce fort vent, de trois-quarts face, ralentissait leur allure, les repoussant même parfois légèrement en arrière. Il n’y avait qu’aux bords des rives qu’il ne soufflait pas aussi fort mais cette voie était plus périlleuse à cause justement des saules pleureurs.

- Je crains que nous ne puissions aller jusqu’au bout, aujourd’hui.
- Pourtant, il le faudra bien car j’ai l’honneur d’être le parrain de la petite de mon cousin Dytique et le baptême a lieu aujourd’hui.

Héli, pour économiser son souffle, n’avait rien répondu. De tous les parcours qu’elle avait faits jusqu’à présent, c’était à coup sûr le plus difficile qui l’attendait.


Il faut préciser qu’Héli n’était plus de première jeunesse. Trop souvent sollicitées, ses articulations clamaient souffrance et si ses ailes étaient encore intactes, elle ne le devait qu’à sa bonne fortune. Combien de ses congénères avaient dû cesser leur activité à cause de cela. Elle ne les comptait plus et bénissait son protecteur de lui avoir épargné ce tourment.

Pour le moment, elle n’était qu’une libellule qui se battait contre les éléments. Elle soufflait tellement qu’on aurait cru entendre un bœuf tirant un attelage. Elle continuait pourtant, tête baissée, fouettée par les vents, cherchant son chemin en se repérant au sol.

L’étang numéro 3 venait d’être dépassé. C’était le plus vaste, celui où les pistes d’atterrissage étaient les plus nombreuses. En dehors des nénuphars qui pullulaient à sa surface, il présentait quelques petites parcelles de terre dont l’accès était toutefois contrarié par de hauts roseaux qu’il fallait contourner.

Encore quelques encablures, se dit-elle pour se donner du courage, et je pourrais m’abriter du vent grâce aux érables qui me font face. Mais après, il me faudra passer au-dessus.

Ce fut à cet instant qu’elle entendit monsieur Nèpe lui crier : Attention, une feuille….., avant qu’elle se retrouve littéralement recouverte d’un bout à l’autre de ses ailes.

- Par tous les diables de notre aviation, qu’est ce qui m’arrive ! Je n’y vois plus rien.
- Moi non plus, répondit en écho, monsieur Nèpe.

Héli ne distinguait plus la ligne d’horizon. Seul le sol, qui défilait sous ses pattes, lui était encore perceptible mais rien ne lui indiquait qu’elle put s’y poser sans crainte. Les herbes de la prairie qui ondulaient comme des vagues couchées par les vents, lui disaient que tout atterrissage était impossible. Pourtant il fallait qu’elle le fasse avant de percuter un obstacle et mettre ainsi en danger sa vie et surtout celle de son passager.

- Monsieur Nèpe, cramponnez-vous, je vais descendre au plus près pour tenter de me poser… dès que je verrais un semblant de terre dénudée. Peut-être pourriez-vous aussi me débarrasser de cette feuille.

Mais monsieur Nèpe, trop angoissé par cette aventure, n’avait pas plus de voix pour répondre que de volonté à faire le moindre geste. Héli en était réduite à se débrouiller toute seule. Plus elle descendait, plus la feuille lui paraissait lourde. Le vent, à qui elle offrait ainsi par cette action une plus grande surface, la repoussait même en arrière.
Héli n’était pas sotte par nature. Bien au contraire, avec l’expérience de son métier, elle avait été souvent obligée d’interpréter les avatars de sa profession pour en faire des avantages. Puisque le vent poussait sur la feuille dans sa phase descendante, peut-être se dit-elle qu’en remontant, il la soulèverait. Cela imposait un effort important mais le jeu en valait la chandelle. Mieux valait essayer que d’entreprendre un atterrissage trop compromettant.

- Tenez-vous bien, monsieur Nèpe, je crois que j’ai trouvé un moyen de nous débarrasser de cette feuille, et joignant le geste à la parole, elle entreprit sa phase ascendante, mais la feuille tenait bon.
- Peut-être pourriez-vous faire le gros dos, monsieur Nèpe.
Ce dernier, qui reprenait un peu d’assurance en voyant le sol s’éloigner, tout en se cramponnant encore plus solidement de ses six pattes sur le dos d’Héli, arrondi ses épaules pour tenter l’expérience. Puis comme un athlète faisant des pompes pour se chauffer les muscles, il fit ce qu’elle lui avait demandé créant ainsi un coussin d’air qui, d’un seul coup, arrachait la feuille gênante.

- Ca y est, elle est partie !

C’était inutile de le crier à Héli. Avec le vent qui lui fouettait maintenant le visage, elle était de nouveau au cœur de la tourmente.
- Si vous vouliez bien maintenant relâcher un peu vos pattes qui me brisent le dos, cela me conviendrait bien, monsieur Nèpe.
- Oh pardon, j’ai eu tellement peur que je n’y ai pas pris garde.
- Vous me permettez de descendre un peu pour me reposer les ailes et reprendre mon souffle. J’en ai grand besoin.
- Je crois que moi aussi, j’en ai besoin.

Une langue de terre venait justement de se proposer à un atterrissage plus aisé que sur une feuille de nénuphar. Avec ce vent l’opération aurait été périlleuse.
- Ouf, ça fait du bien d’avoir les pieds sur terre, vous ne pensez pas, monsieur Nèpe.
- Que si, Héli, mais il va falloir continuer notre voyage. Je vous rappelle que mon cousin m’attend.
- Je ne le sais que trop bien. Laissez-moi, s’il vous plait, une minute pour reprendre mon souffle.

En fait, le temps qu’elle s’accorda fut un peu plus long. L’effort qu’elle avait consenti lui imposait une plus grande récupération.
Comme par miracle, peut-être avait-il eu pitié d’Héli, le vent s’était soudainement calmé. Les feuilles des arbres reposaient détendues et les roseaux ne courbaient plus leur tête.
- On va partir maintenant pour profiter de cette accalmie. Allez, monsieur Nèpe, montez sur mon dos et que le Dieu de l’Aviation nous protège.
- Ainsi soit t-il, répondit en écho notre passager.


Héli avait pris de la hauteur pour se repérer. La feuille et le vent conjugués l’avaient déroutée, elle ne reconnaissait plus les lieux qu’elle survolait.
- N’ayez pas peur, monsieur Nèpe, il faut que je monte au-dessus de ces arbres pour voir où l’on se trouve.
- Pourquoi, bégaya t’il d’une une voix tremblante. Vous avez perdu votre chemin ?
- Pas tout à fait mais le vent nous a déporté et avec cette feuille qui me cachait l’horizon, je ne sais pas exactement où nous nous sommes posés.
Ce n’était pas monsieur Nèpe qui allait la renseigner. Ce dernier était en effet très casanier et il ne sortait que rarement de chez lui.
- Je crois que nous devrions aller vers la droite. Je vois là-bas un bouquet d’arbres qui me rappelle quelque chose.
- Je vous fais confiance mais si ce n’est pas le cas, comment allez-vous faire pour me conduire jusqu’à mon cousin Dytique qui doit se faire du souci de ne pas me voir encore là.
Héli ne répondit pas. Elle concentrait son regard sur le paysage lointain, cherchant le moindre indice qui la remettrait sur la bonne voie.

Depuis que le vent s’était calmé, grâce au soleil qui avait fait son apparition, Héli distinguait au loin les tâches scintillantes des différentes mares et étangs qui composaient son domaine. Elle n’avait plus qu’à les compter pour savoir où elle se trouvait exactement.
- Eh bien, le vent nous a drôlement déporté, dit-elle à monsieur Nèpe qui se cramponnait de plus en plus fort sur son dos au fur et à mesure qu’elle prenait de l’altitude. On est complètement à l’Ouest et légèrement en arrière de l’étang numéro 3 que nous avions survolé tout à l’heure.
- Si vous en êtes certaine, peut-être pourriez-vous redescendre un petit peu. Je ne suis pas habitué à ces voltiges et je souffre du vertige.
- Bien sûr, répondit Héli en amorçant un piquet vers le sol qui effraya un peu plus monsieur Nèpe qui se promit de ne plus rien dire pour éviter ce genre d’expérience.

Héli s’employait maintenant à accélérer l’allure. Il fallait qu’à tout prix son client parvienne en temps et heure à destination. Il y allait de son prestige et elle n’avait plus l’excuse du mauvais temps.
L’étang numéro 4 venait d’être dépassé et Héli commençait à prendre son virage pour se mettre face au vent léger sur l’étang numéro 5, qui n’était séparé du premier que par une mince langue de terre.
- Par tous les saints de l’aviation, on dirait que toutes les feuilles de nénuphars sont déjà occupées. Regardez, monsieur Nèpe !
- Ma foi oui, vous avez raison. Mon cousin à dû faire beaucoup d’invitations.
- Alors, dites-moi oĂą je peux me poser.
- Je ne sais pas moi, c’est vous le pilote, il me semble.
- Je ne le sais que de trop, répondit Héli sur un ton agressif. Quand je vous disais au départ que ce voyage pouvait être difficile, je n’avais quand même pas envisagé que ça se terminerait comme cela.

Héli envisageait le pire. Il ne restait de libre que deux ou trois feuilles d’un format réduit. Un nouveau bain en perspective peut-être ?
Monsieur Nèpe, qui avait déjà eu son contingent de peur tout au long du trajet, ne jugeait pas la situation de même manière. Trop content d’être arrivé chez son cousin, malgré les intempéries, son seul souhait pour le moment était d’être auprès de lui car il voyait en contre-bas tous les invités déjà réunis.
- Cramponnez-vous, monsieur Nèpe, je descends… et que le Dieu de l’Aviation soit avec moi, finit-elle par dire à demi-voix.

Il faut croire qu’elle fut entendue car pour la première fois, elle put se maintenir sur une feuille après avoir quand même rebondi sur une première sans pouvoir s’y accrocher.
- Ouf, dit monsieur Nèpe, je crois que nous avons mérité d’aller boire un verre. Venez avec moi, madame Héli, vous l’avez bien gagné. Mon cousin sera heureux de vous connaître.
HĂ©li ne se fit pas fait prier.

-o-o-o-o-o-o-o-o-

Sur une parcelle de terre, qui avait été dégagée des herbes par une compagnie de lapins de garenne, toute la famille de monsieur Dytique était réunie, même les cousins les plus éloignés. Il y avait là, dans un mélange de formes et de couleurs tout ce que la faune des étangs pouvait assembler. Les Coccinelles avaient revêtues leurs plus beaux habits, les Gendarmes leurs costumes de cérémonie et les Cétoines brillaient au soleil dans leurs carapaces émeraude. Les Mantes-religieuses, les Moustiques et les Puces, à cause de leur voracité légendaire, avaient été exclus. Chaque fois qu’ils avaient été invités, la fête avait été gâchée.

Lorsque Héli et monsieur Nèpe eurent rejoint la cérémonie, l’orchestre des Grillons sous la direction de monsieur Criquet, par un bref rappel à l’ordre musical, invitait les participants à se regrouper pour entendre le maître de cérémonie, Monsieur Dytique, prononcer son discours de bienvenue.
- Mes amis, nous voilà réunis et je vous remercie d’avoir répondu à mon invitation malgré que le temps n’ait pas été propice au transport de tous. Tout d’abord, je veux présenter mon cousin Monsieur Nèpe à ceux de la famille qui ne le connaissent pas encore. Il est venu de l’étang numéro 2, accompagné d’Héli dont certains ont déjà pu bénéficier de ses services.
Quelques applaudissements timides saluèrent l’exploit et le courage de nos deux convives. Comme nous l’avons vu précédemment, la notoriété d’Héli était plutôt basée sur le nombre invraisemblable d’incidents en vol ou à l’atterrissage que sur ses réelles compétences.
- Je tiens quand même à remercier particulièrement madame Héli pour le courage qu’elle a manifesté pendant son vol. Mon cousin m’a tenu informé de leurs péripéties, mésaventures qui auraient pu être dramatiques sans sa parfaite lucidité. Nous allons donc lui faire un ban d’honneur pour la remercier.
Mais, ce que n’avait pas pensé notre hôte dans son plaisir de vouloir bien faire était que chaque famille avait sa façon personnelle de faire les bans. Il en résulta donc une cacophonie du plus bel effet qui au lieu de jeter un froid sur l’assistance, procura au contraire un fou-rire général.

- Maintenant, foin de balivernes, nous devons baptiser mon petit dernier. Viens Rose qu’on présente notre loustic à nos invités.
Madame Dytique, qui s’était tenue à l’écart, s’avançait dans sa superbe carapace qui brillait comme un sou neuf au soleil. Entre ses fines pattes, elle tenait un petit bambin qui pour le moment était endormi. Cela valait mieux car la nature l’avait doté d’un organe particulièrement puissant que certains avaient déjà pu apprécier. D’ailleurs, par précaution, ceux-là s’étaient mis du coton dans les oreilles.

Le baptême, chez ces gens-là, était tout à fait semblable aux nôtres. Le parrain, monsieur Nèpe, tenant maintenant dans ses pattes le précieux fardeau, s’était approché d’une vasque, une feuille de platane tenue à l’envers, emplie d’eau prélevée dans l’étang numéro 5. A ses cotés, les parents et les invités avaient été conviés à former un cercle et un vénérable bousier, dans sa robe noire quelque peu lustrée, faisait office de prêtre.
Avec l’une de ses pattes, il préleva de l’eau dans le bénitier dont il arrosa le front du petit dytique en prononçant la formule traditionnelle de cette cérémonie.
- Je te baptise Raoul, au nom de tous les insectes ici présents. Qu’il te soit permis, par cette offrande, d’avoir dans ta future vie d’adulte toute la joie et le bonheur que tu mérites. Ainsi soit-il par les eaux sacrées de nos cinq étangs.

Brusquement réveillé par l’eau froide qu’il venait de recevoir sur son front, Raoul se mit à crier de sa plus belle voix ce qui eut pour effet d’agrandir le cercle des invités de fort belle manière. Ceux qui ne le sachant pas, n’avaient pas mis du coton dans leurs oreilles, avaient leur cerveau qui tintait comme une grosse cloche.
- Vite qu’on sorte les dragées s’écria monsieur Dytique, mais sa voix couvrait à peine celle de son rejeton.
Heureusement tout avait été prévu et le premier servi fut l’horrible petit garnement pour atténuer ses cris. Les dragées étaient en fait des baies prélevées dans la nature. Il y avait des mûres, des framboises sauvages et même quelques prunelles cueillies dans un endroit protégé et particulièrement bien ensoleillé.

Toute l’assemblée était maintenant réunie autour d’un buffet près duquel un groupe de sauterelles jouant des maracas offrait un spectacle haut en couleurs de leurs ailes rouges ou bleues déployées au soleil.
Des papillons, petites piérides en tenue blanche faisaient office de barmaids et remplissaient des cornets de feuilles d’acacias d’un nectar qu’avaient offert les pucerons à l’insu des fourmis qui n’entendaient pourtant pas que cela se fasse. Le tour avait été réussi grâce aux cigales qui les avaient suffisamment occupées en détournant leur attention. C’était un véritable délice et nombreux étaient ceux qui restaient près du comptoir et quelques-uns même en avaient déjà les jambes flageolantes.

Héli s’était abstenue d’en boire, elle en avait humé le parfum mais sa fonction ne lui permettait pas d’y goutter. Monsieur Nèpe au contraire y faisait grand honneur mais il était toutefois navré que son amie ne puisse en profiter. Il alla donc quérir dans la cuisine de sa cousine, un petit pois qu’il creusa pour en faire une gourde. Avec un bout d’épine du prunellier, il confectionna un bouchon et satisfait de sa réussite, il demande à une des piérides de la remplir à ras bord, ce qui fut fait.

La fête battait toujours son plein lorsque le soleil passa derrière la rangée de peupliers qui bordait l’étang numéro 5. Il était plus que temps que tous regagnent leurs abris avant que les mulots ne sortent des leurs. Les embrassades s’éternisaient et Héli se faisait du souci.
- Allons monsieur Nèpe, dépêchez-vous, nous allons être pris par la nuit et comme je n’ai pas demandé aux lucioles d’être là pour notre retour, la piste d’atterrissage ne sera pas éclairée. Nous risquons de nous casser le nez.
Enfin, monsieur Nèpe se décida à partir mais compte tenu de son état, de monter sur Héli n’était pas du plus facile. Il fallut l’aider et même l’attacher avec des brins d’herbe pour qu’il ne tombe pas en cours de route.
Héli prit son envol du premier coup sous les applaudissements de l’assistance. Elle en était tellement contente qu’elle prit le risque de faire un nouveau passage au-dessus d’eux. Sur son dos, monsieur Nèpe s’était déjà endormi, ce qu’elle ne regretta pas car elle pouvait ainsi mieux se concentrer sur son parcours.
Grâce au léger vent arrière qui la poussait un peu, elle survola d’une seule traite, l’étang numéro 4, puis l’étang numéro 3 avant de traverser la large bande de terre au bout de laquelle était l’étang numéro 2.
- On va arriver, monsieur Nèpe, réveillez-vous ! Il faut vous cramponner pour l’atterrissage.
- Déjà, dit celui-ci, émergeant à grand’ peine de son sommeil.
- Déjà, c’est pas vous qui volez, cela se voit.
- Pardon Héli, ce n’est pas ce que je voulais dire. Déjà, c’était pour dire que… mais il ne put finir sa phrase car Héli avait amorcée sa descente.

L’ombre était là estompant certains obstacles et ce qu’avait prévu Héli risquait de se produire. Il pouvait y avoir de la casse. Pas une luciole autour du terrain, elle devait atterrir avec sa seule mémoire.
- Si vous voyez quelque chose devant nous, vous me le dites, monsieur Nèpe. On ne sera pas trop de deux pour y voir clair. Moi je m’occupe du sol et vous des obstacles. OK.
- Reçu cinq sur cinq.
- Allons bon, voilà que vous parlez le langage de l’aviation maintenant.
- J’ai lu quelques livres dans le temps.
- Alors, vous savez ce qu’il faut faire.
- Ben… c'est-à-dire que…
- Attention, on y est, je mets les rétros en marche.

Comme par miracle, ce fut le meilleur des atterrissages qu’elle fit sur cette piste. Héli n’en revenait pas.
- Les dieux de l’aviation sont avec nous aujourd’hui, vous ne trouvez pas monsieur Nèpe.
- Si, si … mais si vous ne me détachez pas, je ne vais pas pouvoir descendre de votre dos, et ce fut à ce moment là que le petit pois qu’il tenait serré entre eux tomba au sol et roula un peu plus loin.
- Ah, mais dites donc, qu’est-ce que cela, ce n’était pas prévu dans le programme. Je vais être obligée de vous compter un supplément de bagage.
Monsieur Nèpe, n’avait rien répondu et après avoir été ramasser l’objet du litige, il revint vers Héli et lui dit d’une voix très gaie.
- C’est donc vous qui en paierez les frais car je l’ai emmené rien que pour vous. Comme vous n’avez rien bu chez mon cousin, j’ai pensé que ce serait bien si je vous en gardais un peu.

C’est ainsi que ce finit cette journée inoubliable et que commença entre Héli, la petite libellule, et monsieur Nèpe une très grande amitié.

Et vous savez quoi après !

Ils ont créé une compagnie aérienne qui emploie de jeunes libellules, des hannetons en intérimaires au printemps, quelques papillons pour les plis urgents et même un Jeannot Lapin, Panpan de son prénom, pour oblitérer les courriers.

Comment elle s’appelle cette compagnie ?

Héli-coptère…bien sûr !


Chibani


cyrael
Envoyé le :  9/1/2011 17:00
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 30/10/2005
De: ****
Envois: 83578
Re: Le dernier vol d’Héli, taxi-libellule
sourires..

j'aime l'encre de chibani le conteur

mais ou allez vous chercher toutes ces belles
inspirations?

amitiés* GUY*. 1OOOOOOO....BIsous

MEILLEURS VOEUX POUR VOTRE ANNIVERSAIRE

CE JOUR . bisous

bisous




----------------
l'Amour rayonne quand l'Ame s'élève, citation maryjo

Chibani
Envoyé le :  14/1/2011 11:15
Membre banni
Inscrit le: 9/12/2009
De: Val d'Oise
Envois: 12086
Re: Le dernier vol d’Héli, taxi-libellule
Citation :

cyrael a Ă©crit :
sourires..

j'aime l'encre de chibani le conteur

mais ou allez vous chercher toutes ces belles
inspirations?

amitiés* GUY*. 1OOOOOOO....BIsous

MEILLEURS VOEUX POUR VOTRE ANNIVERSAIRE

CE JOUR . bisous

bisous







Merci de cette aimable attention Maryjo

Les années passent
Les plaisirs s'envolent,
Si la fatigue lasse
Restent les paroles.


Chibani - GUY
Honore
Envoyé le :  15/1/2011 10:37
Modérateur
Inscrit le: 16/10/2006
De: Perpignan
Envois: 39531
Re: Le dernier vol d’Héli, taxi-libellule
Comment ne pas être captivé par la légèreté de ton de ce conte dont l'histoire émerveille.
HONORE
Chibani
Envoyé le :  16/1/2011 15:06
Membre banni
Inscrit le: 9/12/2009
De: Val d'Oise
Envois: 12086
Re: Le dernier vol d’Héli, taxi-libellule
Citation :

Honore a Ă©crit :

Comment ne pas être captivé par la légèreté de ton de ce conte dont l'histoire émerveille.

HONORE



C'est ta jeunesse d'esprit qui te l'a fait voir comme cela.
Garde là longtemps Honoré, c'est un don de la nature.

Amitiés. Chibani
Chibani
Envoyé le :  24/5/2020 23:57
Membre banni
Inscrit le: 9/12/2009
De: Val d'Oise
Envois: 12086
Re: Le dernier vol d’Héli, taxi-libellule


Pour mon plaisir et en dépit du règlement que je vois bafoué trop souvent ailleurs, je m'autorise après plus de 9 ans de sommeil de remonter cette petite anecdote pour les nouveaux arrivants.

Merci de me l'autoriser.


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.

Sybilla
Envoyé le :  11/11/2023 14:17
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 95621
Re: Le dernier vol d’Héli, taxi-libellule
Bonjour Guy,

Superbe et plein d'humour !



Belle journée poète Guy !
Prends bien soin de toi !
Sybilla


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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates ""réelles"" de parution.

Le rĂŞve est le poumon de ma vie (Citation de Sybilla)

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