(Essai en vers longs)***
Ebène châle brodé aux lueurs opalines d'un soir se consumant,
O nuit, peignant dévorants les délires d'aède sur les lèvres du rêve,
Couvre ma nudité que ne s'égare hagard mon regard d'empressement,
Dans le silence de l'errance, soupir d'un feuillet effeuillé sans trêve.
Comme toi, dans le silence stellaire de ta voûte anthracite, j'attends
La visiteuse argentée, de songes rassasiée, dans sa lente traversée
Des contrées lointaines, de confidences caressés leurs horizons envoûtants ;
O rêves fleurissez, ô joie ondoie sous la pâle nitescence bercée.
Laissez les mots renaître, phrasés se répandre, parfumés aux lumières
Des célestes flammes, frémissements d'aubades des ailes de séraphins ;
Je voudrais les poser éternels baisers et, d'ivresse clore les paupières,
Oublier de mon feuillet les soupirs, de ma plume les vocables mutins.
Me livrer à ces rives ridées de rêves, rafraichissante incandescence;
Langoureux leur soleil, sur onde jade et saphir, chavirant pépites d'or ;
Que s'abreuvent les mots pour un sublime voyage de la crue de jouissance,
Calice fragile des fibres secrètes de l'immensité bleu et or.
Quand lascif se lève le zéphyr de l'espoir, d'extase frissonne ma page ;
S'y répandent, dentelles lilas, les mots brodés, roucoulements de ce cœur
Apaisé, prêt à larguer les voiles de mes transes de nuit, à quitter la cage,
Vers la rive des rêves, ivre serin, dans l'infini bleu, chanter le bonheur.
Avec mes meilleurs voeux
Khadija