L’ondine nue dans la piscine


Elle était là, nue, dans la piscine familiale, nageant dans un style impeccable, les bras bien tendus et ramenés jusqu’à la poitrine pendant que ses longues cuisses fuselées repoussaient l’eau, ce qui la propulsait en avant de merveilleuse façon.

Avec mon frère, nous avions quinze mois d’écart et on nous prenait souvent pour des jumeaux, nous admirions sa souplesse, son toucher de l’onde qui donnait l’impression qu’elle ne produisait aucun effort et nous nous imprégnions du moindre détail de sa brasse dans le but de la copier par la suite.

Il y avait bien dix minutes qu’elle nageait ainsi, plongeant parfois dans une brasse sous-marine, que nous suivions admiratifs en tentant de retenir notre souffle avec elle, mais nous devions capituler bien avant qu’elle ne se décide à remonter à la surface.

Il y avait quelque chose de sensuel dans sa nage et elle le savait parfaitement lorsque, s’arrêtant l’espace de quelques secondes, elle nous fixait de ses grands yeux verts avec un air de dire : Alors, qu’attendez-vous pour venir me rejoindre !

Hélas l’interdiction paternelle nous en empêchait et nous restions là à longer le bord du bassin pour être au plus près de cette ondine qui nous fascinait tant.

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- Les enfants, où êtes-vous ? Pas dans la piscine j’espère !
La voix de notre père interrompit notre fascination.
- Père, on est là mais pas dans l’eau.
- Tant mieux pour vous, je n’aime pas qu’on me désobéisse.
Il n’avait pas fini sa phrase qu’il pénétrait sous la véranda qui recouvrait entièrement le bassin.
- Eh bien, que faites-vous ici ?
- Regardez Père, comme elle est belle et comme elle nage bien.
- Mais, c’est une grenouille ! Comment a-t-elle pu pénétrer ici ? Ce ne serait pas vous des fois qui l’y aurait mise ?
- Non Père, elle y était déjà lorsque nous sommes entrés. C’est là qu’elle a plongé.
- C’est vrai ce mensonge ?
- Non, Père, vous pouvez nous croire.
- Alors il faut la repêcher. Cette eau ne peut lui convenir.
- Pourquoi Père ?
- Parce que l’eau est traitée au chlore et que cela peut lui être fatal. D’autre part, je ne vois pas comment elle pourrait remonter sur le bord.

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Ce ne fut pas une affaire facile malgré nos épuisettes ramenées de nos dernières vacances à Saint-Aubin-sur-Mer. Chaque fois que nous croyons la tenir, d’un coup de reins elle s’échappait des mailles et nous obligeait à courir jusqu’à l’autre bout du bassin où elle cherchait refuge. Mais contre trois, que pouvait-elle faire, son combat était perdu d’avance.

Ce fut mon frère qui réussit à la maintenir jusqu’à ce que, avec mon épuisette, je recouvre la sienne. La pauvre était épuisée, ses flancs, ballonnés à une folle cadence, indiquaient qu’elle était à bout de souffle. Pour nous, passé l’excitation de la chasse, nous avions énormément de peine pour elle.

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Au fond du champ de notre voisin, il y avait un petit étang que nous visitions souvent pour observer les libellules. Ce fut là, qu’en procession, nous avons été la remettre en liberté. A peine l’avions-nous déposée au sol qu’elle plongeait pour aller se cacher sous un herbier.

Depuis, quand au ciel apparaissent les premières étoiles et que Jupiter brille à l’horizon, devant notre fenêtre de chambre ouverte, nous attendons chaque soir d’entendre son chant nocturne et ce n’est qu’après que nous consentons à aller nous coucher et nous endormir en rêvant de nager avec elle dans notre piscine.


Chibani

La grenouille est une petite bête présente dans les souvenirs
d'enfance de chacun. Pas très jolie, mais sympa. Votre texte m'a rappelé cet épisode de mon enfance où, quand nous en attrapions une, nous la faisions fumer, en pensant que l'inhalation de la fumée la ferait exploser.
Cela dit, ainsi que le laissait supposer le titre, j'aurais aimé lire un texte empreint d'un peu plus de poésie, puisque nous sommes ici sur un site littéraire.

A l'attention d'Auguste

Poésie en matière de nouvelle,
Là, vous me la bayez belle !
Le titre n'avait pour effet
Que de devoir vous tromper.

Et là, ma foi, c'est réussi.

En toute amitié littéraire
Désolé de n'avoir pu vous plaire. Chibani

La morale est sauve et l'histoire est belle.
HONORE

Une belle morale j'aime !!!

Arlette

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Mon voeu cette année procurer du bonheur dans mes textes ou histoires.

Le mirage est toujours plus beau que la réalité
Même dans du chlore on peut toujours nager
Ma grenouille me l'a dit bien qu'étant essoufflée
C'est pour cela qu'aujourd'hui ce texte est déposé.

Merci Honoré. Mes amitiés. Chibani

Magnifique récit avec lequel vous nous avez bercés. Personnellement, vous m'avez menée en bateau puisque je ne m'attendais à ce dénouement.

Les yeux d'enfants sont merveilleux d'imagination, de fabulation et c'est tant mieux !
Merci pour cet agréable récit que j'ai aimé lire
Amitiés

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Citation :

Qui dois-je remercier Clotilde ou Arlette ?
une bise à chacune, pas de jalousie. Chibani

Citation :


C'est le but inavoué de la nouvelle, Sudiste et si tu aimes ce genre de finale tu devrais aller lire La deuxième cachette.
Merci du compliment. Amitiés. Chibani

Je fais un entorse au règlement car je viens de me rendre compte que j'avais omis de remercier Honoré.
J'espère qu'il me pardonne pour mon retard et mon erreur.

Citation :

Citation :

et j'en profite pour remercier Pikaya également.

Chibani

une grenouille..échappée de son étang?
quelle belle ondine nue. elle nage dans la piscine
comme l'eau est chlorée, elle
risque de perdre la vie, vous avez bien fait
de la remettre dans son milieu naturel

un beau conte, pour les enfants sages

amitiés GUY CHibani

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l'Amour rayonne quand l'Ame s'élève, citation maryjo

Citation :



Quoi de plus innocente qu'une petite grenouille Maryjo.

C'est toujours un plaisir de les voir batifoler dans une mare et de pouvoir, mais c'est moins évident, les saisir sur notre pellicule.

GUY

Bonjour Guy,

Une histoire avec une belle morale !



Belle journée poète Guy !
Prends bien soin de toi !
Sybilla

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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates ""réelles"" de parution.

Le rêve est le poumon de ma vie (Citation de Sybilla)