c'était une magnifique journée de fin d'automne
et le soleil brillait encore, caressant, doux et chaud,
réchauffait le lac et les allées du parc qui donne
sur la sortie de la forêt et du vieux château.
fatiguée, je m'asseyais sur un banc et je laissais
vagabonder mon âme triste, au delà du réel,
au travers du feuillage vert brun, que je fouillais
du regard, dans le fouillis de branches levées vers le ciel.
et je fus soudain émerveillée par une telle beauté
de couleurs mélangées. le ciel ressemblait à des
étoffes colorées que j'aurais aimé saisir et garder,
lisser et caresser de mes mains ballantes et vides.
baissant les yeux, je vis devant moi soudain,
sur le lac, où jouaient encore les derniers rayons
de soleil, un cygne qui glissait. dans le lointain
j'entendis à cet instant, sonner à l'église son carillon!
de la fontaine proche, coulait un léger filet d'eau
qui engourdissait ma mémoire et ralentissait
les battements de mon coeur et de mon cerveau,
apaisait ma tristesse et la peur qui m'étreignait.
bientôt nous serions à Noël; je laissais voyager
mes pensées au fil des frissons ondulant l'eau du
lac. les feuilles tenaces finissaient de tomber,
légères comme des plumes sous la brise revenue.
les arbres dénudés commençaient à frissonner.
quelques passants frileux se pressaient de regagner
le logis, foulant sous leurs pas ce tapis d'or, hier
encore d'une merveilleuse couleur brune et lumière.
peut-être même sans le voir, sans l'écouter craquer.
par moment, le crissement des feuilles me réveillait,
me ramenait à la réalité, m'obligeait encore à voyager
dans le piège qu'est la vie et dont la vérité m'affligeait!
avec effort je fermais les yeux, pour retrouver l'irréel
et revenir ainsi dans la magie du rêve; j'allumerai
demain la cheminée, le sapin brillera de toutes ses belles
lumières; il y aura des rires et des chants et je sourirai.
mes petits enfants ouvriront grand leurs beaux yeux,
ils brilleront comme l'étoile du berger, au matin de Noël
leurs petites mains déchireront les papiers rose et bleu
leurs cris feront vivre la maison vide, la vie sera belle!
ils détruiront avec bonheur ce que j'ai préparé pieusement,
par amour et joie; les papiers argent, les rubans dorés;
mon coeur blessé revivra dans ce désordre d'enfants innocents
du malheur des grands et de leurs immenses chagrins traversés!
OUI, ce Noël sera beau, tous mes enfants chez moi seront.
demain, je sortirai les cadeaux rangés et cachés dans l'armoire;
je sortirai les papiers brillants, les rubans, les guirlandes, les papillons.
demain sera beau! nous seront réunis, nous fêterons JESUS et sa gloire!
soudain, un frisson agita mon corps, le froid sur moi descendait,
me ramenait à la réalité. un petit vent se levait, agitait les feuilles.
je ramenais mon châle sur mes épaules, mon corps frissonnait;
je me levais péniblement et décidais de rentrer où m'attendait le deuil!
j'attendrai longtemps que le temps veuille bien guérir la grande blessure;
le temps, grand guérisseur de tous les maux inévitables de notre vie!
chaque saison apportera ses fleurs, ses parfums, guérira la meurtrissure,
comme l'oiseau migrateur après un long voyage, fidèle au rendez-vous de la survie!
année 1996
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Auteure de "l'empreinte du diable" autobiographie de 23 années de vie, et "les aléas les chagrins et les petits plaisirs de la vie" aux éditions edilivre.com, internet, librairies
www.edilivre.c...