Plume d'or Inscrit le: 15/8/2010 De: Orléans Envois: 1611 |
Récit de voyage (la bagarre) Le coup de main Les rixes et les bagarres étaient rares et peu fréquentes sur les bateaux. Pourtant, un jour que je faisais mes rondes d'éclairage sur le pont, le Commandant m'arrête et me prie de le suivre à l'avant car, me dit-il, du haut de la passerelle, j'ai aperçu deux matelots qui se battaient comme des chiffonniers, il faut absolument les en empêcher. Nous voilà courant tous les deux, le pacha en tête, à l'endroit où nos deux types se bagarraient. Le Commandant, fort de son grade, ne craignant pas les coups, se lança au milieu des deux hommes, et tenta de les séparer. Rien n'y fit, ils s'en voulaient à mort, il fallait arrêter le massacre. -« Renard, il faut à tout prix les séparer, employons les grands moyens». Un ordre donné par le seul maître à bord valait toutes les garanties, mes quatre-vingt-dix kilos et mon mètre quatre-vingt-douze aidant, je me jetais sur le plus virulent, tandis que le pacha s'occupait du deuxième. En deux coups bien placés et une clé au bras, je maîtrisais mon batailleur. De son côté, le Commandant réussit aussi à venir à bout de son bagarreur. S'apercevant enfin qui étaient leurs empêcheurs de s'étriper, nos deux loustics se calmèrent, mais ils durent répondre aux questions: Qui avait commencé, à cause de quoi, pour quel motifs ?, etc. Personne ne voulut parler, le Commandant se fâcha et exigea des réponses. Un des deux voulut bien enfin prendre la parole. -" Ce serait trop long à vous expliquer Commandant, mais il fallait me laisser le mettre à l'eau, c'était pour rendre service à sa femme ". Querelle de rivaux?, règlements de comptes personnels?, le pacha n'obtint pas d'autre explication que celle-ci. Que faire sinon les renvoyer dos à dos, en leur faisant promettre que jamais plus ils ne recommenceraient leur pugilat.
|