Plume d'or Inscrit le: 15/8/2010 De: Orléans Envois: 1611 |
Récit de voyage (Le mal de mer) Maladie psychique avant tout Qui n'a jamais eu ou simplement ressenti une gêne sur des embarcations sur mer, ou tout simplement sur des fleuves ou rivières? Le mal de mer est avant tout une maladie psychique, certains ne l'auront jamais, car ils ne s'en préoccupent pas, cela ne leur vient même pas à l'idée de se demander avant de prendre la mer: -"Mon Dieu et si j'avais le mal de mer ?". Par contre, il y a de fortes chances pour que des personnes peu sûres d'elles aient le mal de mer. Dans mes huit années de navigation, je me suis amusé avec d'autres marins à tenter quelques expériences au sujet de ce maudit mal de mer. Des novices nouvellement embarqués se plaignaient d'avoir à souffrir de ce fléau. Nous tentions de les rassurer et de leur faire comprendre qu'il ne fallait pas s'arrêter à des croyances peut-être fausses. Leur mettant un bandeau sur les yeux, on les débarquait sur le quai, mais en leur faisant croire qu’ils étaient toujours à bord. Sûrs de ne pas avoir le pied marin, et se croyant sur la mer, ils se sentaient très mal à l'aise. Le contraire était vrai également. Toujours les yeux bandés, on les promenait sur le pont, en leur racontant qu'ils étaient sur la terre ferme, ils se sentaient déjà beaucoup mieux. Mais, leur retirant le bandeau, et se voyant encore à bord, ils commençaient à se sentir mal. Une histoire authentique pour concrétiser ces explications. Sur un bateau, un jour de mauvais temps, le novice-machine va trouver le chef mécanicien et lui explique qu'il ne pourra pas descendre à la machine, car il ne se sent pas bien, bref, qu'il est victime du mal de mer. Le chef ne l'entend pas comme cela, et ordonne au nono (pour lui donner une bonne leçon) de passer outre, et de travailler quand même. Il lui donne en plus le travail le plus pénible, et le plus salissant. Au fin fond de la machine, il devra nettoyer des caisses à huile, nauséabondes, et peu accessibles. Le gamin en veut à mort à son supérieur, et tout à sa haine envers l'autorité, en oublie totalement... son mal de mer. Sa rancœur, forte surtout dans son esprit, est passée avant le soi-disant mal de mer, qui, relayé en second plan, ne l'effraie plus. Le soir, le chef fait venir le novice et lui demande comment il va. Le jeune, encore sous le coup de la colère, lui explique qu’effectivement, il n'a jamais ressenti le mal de tout son temps passé dans la machine. Le chef lui avoue que cette sanction était une leçon et non une punition, et qu’à l'avenir, elle lui fera le plus grand bien. Gageons que ce nono n'aura plus jamais le mal de mer de sa vie.
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