Une larme pour une inconnue.
A Paula.
Nos routes ne se sont pas croisées, je n'ai pas eu cet honneur! Pourtant elle connaissait mon nom et je savais le sien de l'avoir tant lu dans le regard de l'amour qui se partage, de l'amitié qui s'éparpille dans les méandres du cœur et devient exclusive à l'envers de chaque miroir! Je ne l'ai pas connue, j'ai simplement aperçu son ombre dans quelques mots qui lui appartiennent et qui avec elle se perdront dans le néant des regrets! Mais, avant, je les voudrais complices et seigneurs de mes phrases pour qu'elle reste vivante au-delà de l'après, et présente après avoir été.
Son histoire fut banale, comme l'est l'existence et le destin enchaîné à la fatalité. Elle savait! Elle savait que tout espoir ne pouvait qu'être éphémère quand l'histoire est déjà écrite avant l'heure et que tout instant est un fardeau quand la souffrance lutte entre être et ne pas être. Elle savait que chaque seconde égrenée sur son horloge biologique était intense de certitude, certitude de fin et d'amour infini, d'espoir désespéré de vouloir partir après l'après et que chaque arrivée la forçait au départ. Elle savait que son séjour ici-bas n'avait que le temps de son attente et pourtant elle a continué à diffuser son amour à tout vent voulant partir en laissant un sourire comme souvenir. Elle savait que l'instant venu, l'amour serait le passeport de son départ et que le voyage resterait présence dans l'extinction qui la libèrerait de ses chaînes et la guérirait de ne pouvoir conjuguer l'avenir au présent. Mais, en partant, elle a volé un sourire à la vie qui ne sait pas dire adieu!
Elle était sûrement belle et son âme unique, car soudain tout m'enchaîne à un souvenir qui ne m'appartient pas et de voir le destin biffer un nom sur la une du quotidien me supplie d'éternité dans l'édition de toujours! Une page au cahier de l'existence est arrachée et le récit n'est plus complet, les virgules en sont effacées alors que les points se répètent. Le grand écrivain se plait à réécrire ses lignes et à effacer des personnages pour en réinventer d'autres et dramatiser ses écrits!
Le drame n'est pas mien et pourtant je ne puis empêcher une larme dérobée à la tendresse de mon cœur, sachant que de ne pas l'avoir rencontrée me prive de l'égoïsme de partager son identité avec toute personne qui l'aime quand moi je n'ai pas eu le temps!
Je la savais souffrante et en attente du voyage qui la conduirait à l'espoir de libérer l'amour de ses pleurs, mais partir est toujours tristesse pour qui reste, la main hésitante en signe d'adieu! Cette main qui servira à cacher le chagrin de l'absence. Cette main qu'elle bénit de son âme et baise de son souvenir. Cette main qui se posera sur le cœur chaque fois qu'un ange la prendra pour la conduire à l'instant passé, à hier, et lui demandera de pointer un doigt vers demain. Elle avait un contrat avec l'avenir! De ne pas l'avoir vu respecté, elle laisse en héritage sa signature et nous impose de travailler le futur après elle, de respecter notre engagement et de nous réveiller à un jour nouveau pour mieux poursuivre le labeur du destin.
Je lui dois un salut que promesse patientait! La mort ne m'a pas laissé le privilège de croiser sa vie l'instant d'une rencontre, de donner un visage à un souvenir, mais cela ne me privera pas du partage de sa présence. En aimant ceux qui l'aimaient je l'aimerai dans mon avenir et patienterai que mon âme salue la sienne!
Aujourd'hui, je veux croire qu'au bout du tunnel la lumière est aveuglante et convie au repos, aux retrouvailles et aux rencontres!
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