Un contre un; Dieu pour tous...
Prends-moi sur ce piano comme une note étrange
Prolongeant un soupir après la partition
En silence obsédant, et celui qui dérange,
Quand la blanche en décline en profonde affliction...
Prends-moi dans ton solfège et joue-moi dans l'ivresse
Émétique et algide aux saisons des amours,
Qui ne mènent à rien sinon qu'à la détresse
Formant sur des fragments, des glaciers de coeurs lourds..
Oui prends moi je t'attends sans arme et sans tempête,
Sans poignard dans le dos et désir insidieux,
Si ce n'est cette envie que ta voix me répète
Ce poème à mourir, au brasier de tes yeux...
Prends-moi comme une chose, un rien qui se divise,
Pour que je me souvienne où j'ai terré mon corps
En passant sous ta lame à ce froid qui s'enlise,
Repénétrant mes chairs, bouffées jusqu'au remord...
Prends-moi comme une chienne à ta laisse animale
Sans réfréner ta haine et toutes tes pulsions,
Mais n'attends plus de moi cette pluie lacrymale
Qui trahissait la peur, de tes amputations...
Prends-moi pour assouvir ce démon qui t'anime,
J'ai déposé la croix et répudié la foi,
En marchant aveuglée par un dieu magnanime
Que j'ai cru retardé, quand s'annonçait l'effroi...
Allez fait toi plaisir et prends-moi sous la robe
D'une mariée sanglante, en oubliant tes gants,
Et vogue en grand pirate où moi je me dérobe
En pillant sous ton geste, un feu pour mes néants...
Allez je suis moins tendre, un peu plus altérée,
Mais l'air s'est induré sous la pressions des ans,
Quand il fallait sourire et souffrir en apnée
Pour bander chaque plaie, qu'immolait tes présents...
Allez regarde-moi dans ce noir qui efface
Ce regard familier fumant pour dominer
Le mien qui te foudroie d'un dernier face à face,
Pour un trophée de glace, à gagner sans lutter...
Allez prends-moi si fort qu'on en crève en osmose
Et si tu tiens l'enfant aux lois d'une omerta,
J'ai le vers incisif au violent d'une prose,
Et le verbe infecté, d'une encre à ton aura...
Allez prends ton courage en retroussant tes manches
Pour réchauffer l'histoire au bain des prescriptions,
Quand j'ai les nerfs à vifs sous quelques avalanches
Pour garder la mémoire, à fleur d'aliénations...
Prends-moi comme on faufile où baille une dentelle,
J'ai ravaudé mes bras mais excisé l'écrin
Qui cache un ventricule arraché comme une aile,
Suintant tous ces abcès, proliférant sans fin...
Allez prends sans dilemme, et tout mon héritage,
Je t'ai légué mon reste au lit d'un testament,
Pour recoller les bouts d'un semblant de visage
Dispersé sous ta rage, acérée qu'un diamant...
Allez prends mon palais terni comme un vieux marbre
A lustrer pour qu'en brille en reflet sur l'éclat,
Une lymphe épanchée que la sève d'un arbre
Abattu sous l'hiver, pour le bien d'un climat...
Allez prends-moi si loin qu'ici tout m'abandonne,
Que j'en perde et le sud et le nord et toujours
Enclavant cette terre où Malin tu bourdonnes
En embaumant ces fleurs, fanées sous ton velours...
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