Le temps s'est arrêté, il y a plus d'un an :
Henri n'a pu bouter le mal l'empoisonnant
Hors des vaillants remparts d'un corps le trahissant ;
Le printemps s'est figé dans nos cœurs impuissants.

Nombre de gens l'aimaient, pourtant, cet homme là !
L'ombre n'éteint jamais, dit-on dans l'au-delà,
L'âme des gens de bien qui manquent ici-bas,
L'amour qui nous retient à ceux dormant tout bas.

Il était de ces gens qui trouvaient dans leur cœur
L'ampleur de la basilique du Sacré Cœur :
Amis et famille trouvaient toujours demeure
En ce sein bienveillant, en ce sein sans un leurre ...

Ses amours divines, pour douce Valentine,
S'étaient liées à sa Corinne cristalline,
Et tous savaient qu'elle était la belle héroïne
Parfumant le roman de sa vie d'églantines.

Et quand l'amour, si fort et de si près, te tient,
Une nouvelle vie fleurit parmi les tiens ;
L'ange de leur destin fut prénommé Bastien,
Fils aimé, fils aimant, providentiel soutien.

Les divins chérubins germent parfois par deux,
Et les heureux parents auraient paru gâteux
Quand la petite Maud entrebâilla les yeux,
Ajoutant deux étoiles de plus sous nos cieux.

Et malgré tout l'amour voué à sa famille,
Son cœur trouvait toujours place pour les vétilles
Que sont la bonne chair vous flattant les papilles
Et la douce ivresse d'un canon qu'on torpille.

On peut sentir vibrer la terre en un murmure
Fredonnant vaillamment ses belles aventures :
Des tréfonds remontent un doux parfum d'azur,
Le fumet du bonheur de ces jours d'amour pur.

Aubergines, melons, tomates et courgettes
Ne sont plus, aujourd'hui, comme hier à la fête :
Le noble maraicher qui leur contait fleurette
Leur avait donné goût à fleurer nos assiettes.

L'amour s'est éclipsé, il y a plus d'un an :
Henri, son prophète, s'est éteint au tournant,
Et c'est tout un monde qu'on voit convalescent
Soupirant l'absence d'un homme éblouissant.