Un écrin de Tendresse. (La chaumière)
Tout est à sa place...
Doucement, tout me revient...
Un chêne qui veille,
des carreaux verts et ambres
encadrés de chaumes,
pas de rideaux aux fenêtres,
les poutres cheminant
un crépi blanc, râpeux.
Quatre portes rouges-marrons,
Les portes-fleurs sans fleurs
qui longent sa longueur.
Une cloche forgée au fil immobile,
même au vent fort !
Tout est à sa place...
Et doucement, je me souviens...
Le gravier grésillant sous les pas,
cette aura de lumière qui éblouie,
la douce musique du vent
dans les bouleaux secoués
qui, la nuit, me tient éveillée.
Les chauves-souris furtives,
les buissons de roses thés,
les hortensias à foison,
les clochettes de fuchsias,
les grimpants, les rampants...
Tout est à sa place...
Lentement, tout me revient...
La pelouse, si dense, verte et humide,
aux découpes irréprochables,
les marches de grès, plates,
portant mes pas plus haut,
un peu comme un espalier
pour mieux encore l'admirer.
Et puis et toujours les arbres...
retombée de branches qui touchent le sol,
et ce saule dont le voile est si lourd.
Les lauriers aux fruits égrainés
par quelques oiseaux bruyant !
On dirait que l'eau "cascade"...
Et, caché par tout cela, le pré du gamin,
dont la terre résonne aux sabots
puissant de son galop...
Oui, tout est à sa place...
Tendrement, tout est en moi...
Ce lierre (?) qui grignotent les dalles
où je me pose chaque matin,
quand le monde dort encore un peu.
Quand je bois mon thé
à petites gorgées brûlantes.
Le fer forgé "poires-pêches"
la petite table ronde, jaune pâle,
le bambou et le coton blanc
de sa voisine qui invite au repos,
à la sérénité de l'instant.
Tout est beau chez elle,
Tout est bon, si bien...
Ses framboises en mélange
qui accrochent les tissus,
ses herbes hautes, et mauvaises herbes.
Ses toiles d'araignées,
ses mulots, ses oiseaux
qui nichent dans la paille
du pignon ou d'ailleurs...
Tout est beau chez Elle !
Oui, tout est à sa place et...
doucement, je me laisse envahir...
La chaumière rit.
La chaumière pleure.
Au rythme de mes venues.
Au rythme de mes départs.
Elle est un havre de Paix.
Elle est un havre d'Amour.
De Bonheur...
La chaumière est si belle,
protégée par ses arbres,
par les âmes bienveillantes
Qui vivent en elle !
Protégée du temps, pour longtemps.
La chaumière est belle,
Quand elle se dresse vers le ciel,
Fière et si fragile...
quand je la regarde et que je pleurs.
La chaumière est si tendre.
Oui, tout est à sa place.
Je ferme les yeux,
et je me souviens,
de Tout.
De Nous.
La chaumière est un écrin,
elle protège la vie des siens.
Elle les enrobe, les berce en son satin
et leur offre sans échange,
un perceptible bonheur,
la magie de l'instant,
comme un sablier
distillant des grains de douceur...
La chaumière est si belle...
Et cette odeur ancienne
empreinte de choses que j'ignore.
Cette odeur que toutes les fois,
je ramène dans mes bagages...
Cette odeur qui, si je ferme les yeux,
me ramène à Toi !
Alors...
je ferme encore mes yeux...
et encore, je me souviens...
Julie.
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