L’HOMME AGENOUILLE
Un homme agenouillé recueillait dans ses mains jointes en creux le mince filet d’eau de la source ;
Une source libérée, saignée d’une terre de feu.
Terre de feu ocre, magma sans âge, offrant le meilleur de soi à un être fourbu qui souffrait de ne plus communier
Avec sa vraie nature.
Sa vraie nature s’était dénaturée dans le chaos invraisemblable des pistes secondaires ; indien sans territoire ; Inuits sans hiver ; chameau sans désert, oisillon sans voix, squatteur sans ouverture et sans but.
Sans but, il avait erré longtemps ; dans sa tête, surtout ;
Il entrevit le savoir en un champ de liberté ; un champ immense, jamais comblé, tant les possibles occupaient l’espace virtuel.
L’espace virtuel avait blessé ses pas à pas imaginaires,
Sa propre réalité s’évertuant à biaiser la vertu de ses vers ;
Il revenait de loin, d’une longue inertie qui calcine des forêts de fantômes.
Des forêts de fantômes qui font fuir les plus braves autant que les pleutres. Il avait couru à toutes jambes parmi eux, la mort sur les talons, claquant des dents, pour finalement tomber dans l’effroi et la cendre.
Cet homme là était rapide comme l’éclair, comme un rapide roulant les roches premières : l’essence d’un être dans la lumière furtive avait pris forme éclairant un visage éternel. Ne l’avait-il pas oublié en traversant quelques déserts ?
Quelques déserts avaient conduit sa marche, l’immensité avait brûlé ses yeux. Pourtant, d’instinct, il avait survécu à la fournaise, aux vents de sable, aux grands froids des nuits minérales.
Aux grands froids des nuits minérales, en jouant les étoiles filantes, réalisant ses propres vœux. Savait-il où l’univers le déposerait ? Et voilà qu’il se trouvait là , lui… l’homme agenouillé recueillait, dans ses mains jointes en creux, un mince filet d’eau de la source…Il lui semblait qu’elle se réjouissait en lui et qu’elle lui livrerait la clé secrète du bonheur.
Pierre WATTEBLED – 1er août 2010
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