Le jour se promenait et tardait à descendre,
La source fredonnait aux portes de la nuit ;
Mon cœur se languissait de ses baisers si tendres
Qui butinaient mon corps, jadis, comme un beau fruit.
Il est parti voguer pour libérer la terre
A bord d’un cuirassé, sans me dire au revoir,
Il n’avait que vingt-ans, il allait à la guerre
En me laissant ici avec mon désespoir.
Epiant, à tout moment, la porte qui, peut-être,
Ramènerait enfin mon marin au long cours,
J’ai attendu, en vain, guettant à ma fenêtre,
Tout au bout du chemin, les pas de son retour.
A l’aube de la nuit, émergeant du silence,
J’ai lancé vers le ciel un appel déchirant,
Le parfum des jasmins dans ce jardin immense
Flottait dans l’air du soir en bouquets envoûtants.
Adossée au vieil orme envahie d’amertume,
Je méditais sans fin, mon désarroi fut grand !
J’entendis au lointain comme un hymne posthume :
C’est son âme éthérée que m’apportait le vent :
La Mort, un gris matin, est venue le surprendre
Alors que son bâteau s’apprêtait à partir,
Ils ne m’ont rapporté que l’urne de ses cendres…
…Où le feu a enfoui son tout dernier soupir.
----------------
(c) Antigone
"L'amour, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction" (Antoine de Saint-Exupéry)