La toile et le voile.
Si Internet est notre version moderne de la langue d’Esope, on ne dira jamais assez que cet outil modifie la relation des hommes au savoir et aux « clercs » qui tirent avantage d’une monopolisation des connaissances. Certes, l’utilisation d’internet exige non seulement des précautions, mais aussi un très bon traitement des informations.
Tous mes amis qui ont été atteints d’une grave maladie ont pu mieux la comprendre grâce aux informations trouvées sur internet et non grâce à celles de leurs médecins qui leur cachaient la gravité du mal dont ils souffraient ; souvent cette fuite pour aborder la réalité ajoute encore à l’épreuve de la maladie. Si toute vérité n’est pas bonne à dire, les « bonne intentions »ne sont pas meilleures.
Oui, je me souviens de nos discussions, R..., quelques mois avant que la mort n’ait raison de ta dernière résistance, un jour de décembre 2009. Jusqu’au bout les médecins t’ont maltraité, certes avec ton consentement ; ils t‘ont émasculé en prétextant qu’il en allait de ta vie, tu t’es soumis à plusieurs essais de chimiothérapie, sans résultat positif, bien au contraire. Tu t’es entendu dire un jour par ton cancérologue qu’il fallait arrêter ces traitements qui te détruisaient de l’intérieur ; il était temps ! et tu l’as entendu prononcer ta condamnation « désormais cela va aller très vite ». Puis j’ai assisté à ton enterrement avec soulagement.
Il est vrai, que tu m’as confié ne pas avoir souhaité de plus amples précisions, lors de ces visites avec ton médecin, mais tu les recherchais, seul, lorsque tu en éprouvais la nécessité sur internet, et pas à pas, la toile t’a aidé à soulever le voile de la terrible vérité.
Pierre-Louis SESTIER
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