Oasis des artistes: Poésie en ligne, Concours de poèmes en ligne - 6528 membres !
S'inscrire
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 


Mot de passe perdu ?
Inscrivez-vous !
Petites annonces
Qui est en ligne
196 utilisateur(s) en ligne (dont 173 sur Poèmes en ligne)

Membre(s): 1
Invité(s): 195

SEMAPHORE, plus...
Choisissez
à la poésie et aux amitiés
Hébergez vos images
zupimages
Droits d'auteur


Copyright



Index des forums de Oasis des artistes: Le plus beau site de poésie du web / Poésie, littérature, créations artistiques...
   Contes et nouvelles (seuls les textes personnels sont admis)
     La sentinelle
Enregistrez-vous pour poster

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant | Bas
Expéditeur Conversation
Chibani
Envoyé le :  26/6/2010 10:46
Membre banni
Inscrit le: 9/12/2009
De: Val d'Oise
Envois: 12086
La sentinelle

La sentinelle



La lune n’arrivait pas à percer l’épaisse couche de brume qui noyait sous son voile la campagne rémoise. Tout n’était que silence et rien ne semblait indiquer qu’à cette heure matinale il ne put y avoir une quelconque activité. Pourtant en prêtant une oreille attentive, on percevait des bruits de pas sur le chemin empierré qui reliait à la départementale qui la desservait, la station goniométrique en bout de piste d’atterrissage de la Base Aérienne de Reims. C’était une des sentinelles de cette faction de nuit qui rompait ainsi ses deux heures de garde plutôt que de rester debout, immobile, adossée à un mur au risque ainsi de s’assoupir.

En cette période de troubles de fin d’année 1955, une vigilance accrue leur avait été demandé car la nuit précédente l’arsenal de la caserne de Rethel avait été cambriolée procurant ainsi aux activistes un important stock de matériel, d’armes et plus grave encore, une grande quantité de dynamite.

Dans toutes les casernes les factions avaient été doublées, les armes munies de munitions et la Base de Reims n’avait pas échappée à cette règle. Pour notre sentinelle cela semblait pourtant improbable. Qui pouvait s’en prendre à une station gonio isolée dont il fallait de plus deviner l’emplacement car aucun panneau n’en indiquait la direction au bout du chemin qu’elle remontait en ce moment. Elle marchait ainsi, ruminant les causes de sa présence en ce lieu.

C’était un caporal, nouvellement rappelé en raison des désordres qui ont finalement conduits à la guerre d’indépendance de l’Algérie et au contraire de ses camarades qui eux avaient été reversés dans des Armées de Terre, voire dans des bataillons disciplinaires pour les plus récalcitrants, il avait été affecté en dépit de cause, après avoir été baladé de Luxeuil-les-Bains à Fribourg en Allemagne, sur la base de Reims où il végétait en attendant sa deuxième libération. Pour le moment, il goûtait son plaisir de marcher dans la nuit comme lorsqu’il était aux scouts et il avait calculé que sans se presser il pouvait en faire l’aller et retour avant de céder sa place.

Il y avait bien une demi-heure qu’il avait attaqué son tour de garde, sur les coups d’une heure du matin, quand il fut distrait des pensées qui le tenait fort éloigné de sa situation actuelle par deux points lumineux qui venaient de trouer l’épais brouillard sur la petite départementale vers laquelle il avançait.

Cela n’avait rien d’anormal en soi si ce n’était qu’à cette heure là plus personne dans cette campagne n’y circulait la nuit et qu’à intervalles irréguliers le véhicule, car il s’agissait bien d’une voiture, donnait l’impression que son conducteur cherchait sa route. Or, le seul chemin qu’il y avait était celui qui amenait à la station mais notre caporal sans aucune connaissance de la topographie des lieux ne le savait pas et continuait à progresser tout en surveillant malgré tout ce manège insolite.

Il en était à mi-parcours quand il s’arrêta surpris de voir le véhicule stopper puis s’engager sur son chemin. Peut-être cherche t’il à faire demi-tour pensa t’il mais loin de confirmer cette supposition, la voiture continuait à petite vitesse dans sa direction, phares maintenant réduits à la position de veilleuse. Par réflexe, comme il le faisait aux scouts dans les jeux de nuit, il s’accroupit sur le bas coté du chemin, cherchant dans la poche de son treillis la torche électrique dont on l’avait muni avec la Mat 49 au chargeur non engagé. Il était trop tard pour penser revenir à la station avant que la voiture ne l’atteigne. Il en était trop loin. Force lui fut donc d’attendre et de savoir ce que cela voulait dire.

Quand la voiture, dont il n’arrivait pas à distinguer la marque car elle lui était inconnue, fut à une cinquantaine de mètres, il alluma sa torche dans sa direction tout en se relevant pour lui intimer l’ordre de stopper mais au lieu de ralentir, plein phares maintenant, le véhicule fit un bond en avant. S’il n’avait pas eu la présence d’esprit de se jeter sur le côté avant l’impact, il ne serait pas empêtré dans le fossé, sa torche éteinte d’avoir été jetée pour dans le même mouvement enclencher le chargeur et engager la première balle dans le canon.

Tout en essayant de retrouver son équilibre, il fit tant bien que mal demi-tour, ajusta la lunette arrière de la voiture dans le viseur de sa Mat et le doigt en pression sur la détente, sans aucune émotion, il s’apprêta à faire feu, les sommations n’étant plus de mise quand, les deux feux rouges arrières s’allumèrent pour indiquer que le conducteur stoppait enfin sa voiture.

Revenu au centre du chemin, accroupi un genou à terre pour assurer son équilibre, la lunette arrière toujours au centre de son viseur, il attendit patiemment que les occupants, car il discernait maintenant qu’ils étaient plusieurs, s’identifient autrement que par des gestes de bras l’invitant à les rejoindre. De guerre lasse, l’une des portières s’ouvrit et un sergent en uniforme bleu de l’armée de l’Air se dressa dans la pâle clarté diffusée par l’éclairage intérieur de la voiture.
- Alors, tu viens oui ou non !
- Identifiez-vous d’abord. Mot de passe.
- Comment veux-tu qu’on le connaisse, on vient juste voir Guérin, notre copain.

Guérin était le Caporal-chef responsable pour cette nuit de la surveillance de la station et le mot de passe, qui changeait tous les soirs, n’était connu que des seuls préposés à cette garde. S’ils venaient simplement pour le voir, il était vraisemblable qu’ils ne connaissaient pas. Instant d’indécision qui mettait mal à l’aise les deux parties. Malgré tout, pour notre sentinelle l’affaire était plausible. Il ne pouvait plus y avoir méprise, ce n’étaient que quelques engagés en mal de faire la fête.
- Attendez que je récupère ma lampe.
Ce ne fut pas une opération facile dans ce fossé inégal empli d’herbes folles et d’orties, elle était plus loin qu’il ne le pensait.

La portière arrière était toujours ouverte comme une invitation à monter quand il rejoignit la voiture. A l’intérieur, trois sergents et un caporal-chef, hilares et heureux du bon tour qu’ils venaient de lui jouer. Visiblement, ils n’en étaient pas à leur première cannette et l’idiotie de ce qu’ils venaient de commettre ne leur venait même pas à l’esprit.
- C’est pas malin ce que vous avez fait. Si je ne m’étais pas jeté sur le côté, vous me passiez dessus.
- On se doutait bien que tu allais le faire.
- Merci pour la confiance, répondit notre sentinelle tout en désarmant sa Mat sous les yeux stupéfaits de nos quatre fêtards. Les rires n’étaient plus de mise et les teints viraient au blanc.
- Tu ne nous aurais pas tiré dessus quand même, dit celui auprès duquel il venait de s’asseoir derrière le conducteur.
- Plus que vous ne pouvez l’imaginer. J’avais le doigt sur la gâchette quand vous avez stoppé. Une fraction de seconde en plus et adieu à la retraite au bout de quinze ans.

L’ambiance avait chuté d’un coup. Ils digéraient l’information qui venait d’atteindre leurs cerveaux embrumés par l’alcool dans un silence de cathédrale avant qu’elle ne leur redonne à nouveau la parole.
- Ce con, il nous aurait tiré dessus.
- Vous avez bien essayé de m’écraser.
- C’est pas pareil.
- Peut-être mais le con comme vous dîtes est en mission et avait le droit de le faire après ce qui s’est passé à Rethel.
- Rethel ? C’est quoi ?
- Tout simplement une caserne qui s’est fait cambriolée la nuit dernière. Vous ne le saviez pas ?
- Non.
- Dommage cela vous aurait évité de risquer votre vie bêtement. Allez en route, vous me ramenez à la station.
- Et si on te débarquait à la place.
- J’ai toujours une balle dans le canon qui est pointé dans le dos du chauffeur et il me faut moins d’une seconde pour relever le chargeur. A vous de choisir !

Plus rien ne fut dit pendant le restant du parcours. Chacun restait sur son quant à soi, les fêtards refroidis chassant leur peur rétrospective et notre sentinelle se demandant encore s’il aurait vraiment pu tirer sur eux.

Maintenant qu’il les voyait, il se rendait compte que ce n’était que de pauvres engagés par l’armée parce qu’ils n’étaient vraisemblablement pas capables d’autre chose que de faire bagotter les appelés pendant leurs classes. Il en avait connu des sévères pendant son temps de service. Toujours sergents après quatorze ans d’armée et incapables de réussir avec succès les épreuves pourtant primaires pour passer au grade supérieur. Des sous-officiers cachant leur incompétence derrière le traditionnel ‘veux pas le savoir’ et brandissant à tout propos des jours de consigne comme arme de dissuasion à toute polémique.

Il se posait aussi la question de ce qu’il serait advenu si cela s’était produit. Certainement pas de félicitations mais une enquête dans laquelle il lui aurait été particulièrement difficile de justifier son attitude et surtout pourquoi il se trouvait si éloigné de la station qu’il était censé surveiller.

Il y avait eu des cas presque semblables de sentinelles qui avaient fait feu après les sommations d’usage sans recevoir d’information sur celui qui s’approchait de leur poste de garde. Plusieurs sous-officiers avaient payé de leur vie leur besoin de prendre en défaut les appelés chargés de ces gardes. De longues procédures avec mise en consigne des responsables avaient toujours abouties à leur relaxation et parfois une distinction spéciale leur avait été accordée. Sentinelle dangereuse était le terme et un badge représentant une tête d’indien emplumé leur était attribué. Bien entendu, par la suite, ils étaient suspendus de cette corvée.

A Reims, l’affaire en resta là. Nos fêtards n’avaient aucun intérêt à l’ébruiter, notre sentinelle non plus. Elle est relatée aujourd’hui parce qu’elle a vraiment existé. Ce n’était pas une fiction et tout ce qui a été rapporté est issu de faits réels.

Chibani
Honore
Envoyé le :  28/6/2010 16:41
Modérateur
Inscrit le: 16/10/2006
De: Perpignan
Envois: 39531
Re: La sentinelle
Intéressante histoire qui nous montre à quel point, à l'époque l'armée était désorganisée;
HONORE
Chibani
Envoyé le :  28/6/2010 18:11
Membre banni
Inscrit le: 9/12/2009
De: Val d'Oise
Envois: 12086
Re: La sentinelle
Citation :

Honore a écrit :
Intéressante histoire qui nous montre à quel point, à l'époque l'armée était désorganisée;
HONORE



Parfaitement vu Honoré. Tout juste 10 ans après l'armistice de 1945, les cadres (plutôt sous-cadres) qui géraient les appelés n'étaient pas le meilleur fleuron des armées et l'armée de l'Air dans laquelle j'ai fait mon service et mon rappel pour l'Algérie était certainement la plus mal lotie.
Je suppose que tu avais compris que la sentinelle en question était tout simplement l'auteur de cette nouvelle.
Et si j'avais voulu en écrire d'autres, j'ai une énorme réserve à ma disposition.

A ta santé Honoré, je pars en congés pour plusieurs semaines. A bientôt. Bye. Chibani
alaayyadi
Envoyé le :  29/6/2010 0:35
Plume de satin
Inscrit le: 18/6/2010
De:
Envois: 21
Re: La sentinelle

Style de narration assez brouillon! Quelques familiarités n'y ont pas de places. Récit qui voudrait rappeler Pierre Bellemare mais qui en est loin! Des paragraphes doivent être réécrit car prêtant à confusion. Éviter les traductions et écrire ce que l'on ressent vraiment dans la langue que l'on utilise! Peut être que la prochaine "Nouvelle" sera meilleure si tu prends en compte, cher ami, les remarques qu'on te fait. Il ne faut pas désespérer et surtout redoubler d'efforts. Bon courage, ami!
Chibani
Envoyé le :  5/8/2010 18:45
Membre banni
Inscrit le: 9/12/2009
De: Val d'Oise
Envois: 12086
Re: La sentinelle

Si c'est une réponse à mon commentaire de ta nouvelle L'exilé, je la trouve mal venue. Tout serait donc mauvais dans cette nouvelle ? Voilà qui me choque profondément et qui me laisse à penser que ce commentaire n'est pas objectif.

Ce que j'ai écrit là est une histoire vécue et je suis conscient que le récit est loin de ce que j'ai ressenti à l'époque. Mais cher ami, conseil pour conseil, je viens de relire L'exilé, je ne vois pas de paragraphes, aucun reporté à la ligne qui soulagerait ton texte et c'est fort dommageable.

J'ai relu aussi mon commentaire et je ne vois pas ce qu'il avait de désagréable même s'il n'était pas élogieux. Jamais je ne me serais permis de critiquer de cette façon, sans doute parce que, compte tenu de mon âge avancé, j'ai appris de la vie à plus de retenue.

Tu es nouveau ici, je te pardonne parce que tu n'es pas encore imprégné de la façon dont nous nous apprécions. J'espère, si tu prolonges ta présence parmi nous, que tu regretteras plus tard cet écart de conduite.

Sans rancune mais pas sans regret. Chibani

alaayyadi
Envoyé le :  7/8/2010 23:10
Plume de satin
Inscrit le: 18/6/2010
De:
Envois: 21
Re: La sentinelle

Mon commentaire n'est pas une réponse à celui que tu as formulé à propos de ma nouvelle et en mon âme et conscience j'ai fait les remarques que j'avais à faire.
Je n'ai pas mis en doute l'histoire que tu as vécue mais la façon dont tu l'as raconté laisse à désirer et j'ai formulé mon avis en toute sincérité.
Cher ami nous sommes sur ce site pour écrire et accepter tout commentaire y compris "celui qui ne nous caresse pas dans le sens du poil". L'âge que tu as, ni le mien d'ailleurs qui est presque le tien, n'a rien à voir là dedans. Ce n'est pas parce qu'ont est âgé qu'on doit écrire n'importe quoi n'importe comment, bien au contraire. En tant que formateur, je me devais de ne pas me taire sur tout ce que j'ai signalé dans mon commentaire au risque de te déplaire.
Pour finir tu n'as rien à me pardonner et n'appelle pas un commentaire objectif, un écart de conduite. Le fait que tu sois plus ancien que moi sur le site ne te donne pas le privilège de me toiser ni de me traiter en subalterne. Apprécier les gens c'est un plaisir, dénoncer ce qui doit l'être est un droit.
Mes conseils restent toujours valables. A la prochaine!
Alaayyadi
Chibani
Envoyé le :  17/11/2011 14:24
Membre banni
Inscrit le: 9/12/2009
De: Val d'Oise
Envois: 12086
Re: La sentinelle
Citation :

alaayyadi a écrit :

Mon commentaire n'est pas une réponse à celui que tu as formulé à propos de ma nouvelle et en mon âme et conscience j'ai fait les remarques que j'avais à faire.
Je n'ai pas mis en doute l'histoire que tu as vécue mais la façon dont tu l'as raconté laisse à désirer et j'ai formulé mon avis en toute sincérité.
Cher ami nous sommes sur ce site pour écrire et accepter tout commentaire y compris "celui qui ne nous caresse pas dans le sens du poil". L'âge que tu as, ni le mien d'ailleurs qui est presque le tien, n'a rien à voir là dedans. Ce n'est pas parce qu'ont est âgé qu'on doit écrire n'importe quoi n'importe comment, bien au contraire. En tant que formateur, je me devais de ne pas me taire sur tout ce que j'ai signalé dans mon commentaire au risque de te déplaire.
Pour finir tu n'as rien à me pardonner et n'appelle pas un commentaire objectif, un écart de conduite. Le fait que tu sois plus ancien que moi sur le site ne te donne pas le privilège de me toiser ni de me traiter en subalterne. Apprécier les gens c'est un plaisir, dénoncer ce qui doit l'être est un droit.
Mes conseils restent toujours valables. A la prochaine!
Alaayyadi




Eh bien ça y est, j'ai mis plus d'un an à comprendre d'où viennent tes commentaires.
Un vieux relent contre ces moments dramatiques n'en seraient-ils pas la cause ?
La question se pose car je n'en vois pas d'autre motif. Je n'ai jamais eu l'impression ni la volonté de te traiter de subalterne ni de te toiser de quelque façon que ce soit.... d'où ma compréhension de ta manière de me traduire.
Chacun pense ce qu'il veut mais le mieux quelquefois est de ne rien dire.
Sybilla
Envoyé le :  10/11/2023 0:44
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 95635
Re: La sentinelle
Bonsoir Guy,

Merci pour cet événement historique relaté sous ton récit très intéressant !



Belle soirée poète Guy !
Prends bien soin de toi
Sybilla


----------------
Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates ""réelles"" de parution.

Le rêve est le poumon de ma vie (Citation de Sybilla)

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant |

Enregistrez-vous pour poster