La mer s'est retirée loin du Mont Saint-Michel.
Sous les vents dominants voguent les iles Chausey,
comme un trait de crayon soulignant l'horizon.
Je descends la falaise où mon coeur d'enfant bat,
de cette nostalgie que le temps nous confie.
Ce petit coin de terre,
accroché au rocher,
garde son caractère.
Là tout est consigné.
Les journées de juillet, avant l'adolescence,
où je jouais souvent seul, chez l'amie de grand-mère,
ce petit moment rare, jardin de prés salés,
où la belle Clara, s'essayait au violon.
Les cabines de plages, de Jullou et Saint-Jean,
affublées de prénoms, qui semblent d'un autre âge
et les bâteaux à voiles qui sillonnent la baie,
épousant le relief improvisé des vagues.
Des bouts de verre fumé, usés par le ressac,
galets et coquillages, morceaux de bois flottés.
Mes pieds nus sur le sable, que la mer a quittée,
retrouvent la fraîcheur de ces jeunes années.
Seul manquent à l'appel, ma grand-mère et Clara,
l'une a fini sa vie, l'autre est partie trop tôt.
A la marée montante, je quitte le rivage,
emportant avec moi, les secrètes images,
d'un temps bien révolu, où l'on prenait le temps.
Mélancolie sucrée, entre photos jaunies et souvenirs émus,
je pars récompenser.
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Je crois à la force de la poésie