Ma gentille pharmacienne
L’autre jour j’allais chercher ma dose de médicaments chez ma pharmacienne favorite. Une bretonne, c’est son seul défaut, car elle est patiente, gentille, à l’écoute de ses clients dont certains, et j’en suis, sont devenu depuis des amis.
Quand on est dans son officine, on ne ressent pas ce malaise d’exposer par l’ordonnance que l’on présente, nos maladies intimes. Mais là n’est pas mon propos !
Il y avait déjà une jeune mère, avec son nouveau-né, qui venait faire sa première provision de produits pour le bien-être des divines petites fesses de son enfant. Des rougeurs anormales l’avaient inquiétée et, sur les conseils d’une amie, elle venait s’enquérir de produits qu’elle lui avait recommandé.
Dès mon entrée, j’ai ressenti une tension inhabituelle. Ma pharmacienne, oui je sais j’ai tendance à m’approprier les personnes que j’affectionne et dieu seul sait combien il y en a, donc ma pharmacienne dont le ton de voix était passé au diapason supérieur, s’escrimait pour la énième fois peut-être à répéter à la jeune maman qu’elle n’avait pas les marques qu’elle sollicitait mais qu’elle en avait d’autres toutes aussi efficaces.
Quelle idée me prit de m’interposer pour calmer cette ambiance qui montait à l’orage surtout depuis que les cris du bébé étaient autant d’éclairs annonciateurs de catastrophe. Bref, non contente de s’en prendre à ma pharmacienne, oui je sais je recommence, la cliente se retourne vers moi et me crie plutôt qu’elle ne me dit :
Vous aussi, vous allez me dire que vous ne connaissez pas l’éponge Akhu et le merveilleux talc Huchot.
Chibani, qui a acheté des boules Quiés pour ne pas entendre vos cris de désapprobation.