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Saint-Valentin Lettre Valentine à Nee.
Il était une fois un bon roi tigre à l'aube de la descente vers la vieillesse. Il passait son temps et son énergie a l évolution vers le progrès de son royaume et à la vie en harmonie de son peuple. Se sentant vieillir, il se voyait menacé mais fort de son expérience et de sa volonté, il faisait tout et était prêt à tout pour ralentir la descente, garder le pouvoir et protéger ceux qu'il aime, assumer son devoir de roi, montrer l'exemple pour perpétuer l'enseignement de la voie. La voie, la seule selon lui qui donne un sens à la vie : la construction du bonheur par l'effort, la discipline et la résistance à la souffrance. Il avait réalisé tous ses rêves sauf deux : donner à son enseignement un caractère d'éternité pour être transmis sans faille de générations en générations. Un devoir plus qu'un rêve. Et enfin avant qu'il ne soit trop tard vivre le plus beau, le plus difficile, le plus fou : L'Amour. Le rêve oublie, celui auquel il ne croyait plus. Il se refusait d'y croire et étant très heureux ne se voyait pas faire l'affront d'en faire la demande aux dieux des tigres. Mais sans un amour dans la puissance de l’harmonie, il refusait toute proposition. Il lui était interdit de compromettre, de faire le choix de la facilité et donc de la médiocrité. Un jour alors qu'il revenait de voyage, il découvrit avec étonnement une nouvelle à la cour. C'était une jeune tigresse au corps sculptural, au port digne, aux yeux laissant paraître une flamme intérieure, un regard puissant et troublant, une promesse de race noble, une dame de coeur. Instinctivement il se lissa la moustache, s'effraya de la grisaille qui ternissait sa majesté. Pouvait-il encore séduire ? Pourrait-il représenter pour elle, jeune et orgueilleuse, autre chose qu'un trophée, qu'un faire valoir ? Comment en dehors de l'éducation par le livre des secrets saurait-elle briser le cercle vicieux de son Karma et accéder a la dignité du statut de reine ? Quelque chose qui dépassait le simple intérêt pour une jeune beauté le poussait à l'observer. Il compris qu'elle était hors normes, bénie des dieux mais attirée par les extrêmes et trop jeune sans doute pour se comprendre elle même. Elle ne semblait pas pouvoir contrôler les pulsions de sa race et de ses rêves. Elle était peut-être animée par la prescience d'une destinée exceptionnelle comme il l'avait vécu lui même, comme il le savait déjà tout-petit ou fatigué après le jeu il se blottissait contre le ventre de sa mère, se laissait aller aux rêves éveillés et ressentait sa destinée comme une lumière en forme de spirale ascensionnelle en direction des confins de l'univers. C’est a ce moment la que son père avait commencé son apprentissage spirituel et lui avait appris le bon usage de la boussole de la destinée, celle qui permet de sortir du labyrinthe des illusions et de jouer avec le ciel. Plus il l'observait, plus il était fasciné par le fait de se voir lui même comme dans un miroir reflétant son image dans l'autre sexe. Ainsi il était consterné de se voir brutalement renvoyer à ses défauts : ses humeurs changeantes, son caractère volage, indépendant a l'extrême, imprévisible, difficile, exigeant, insatisfait, en bref caractériel, entièrement tigre. Dans le sentiment de cette réflexion il se sentait de demander le pardon, même à genou si il le fallait à tous ceux qui en avait souffert. Sincèrement il ne ressentait pour elle qu'une vague attirance pour sa présence, pour le jeu de l'observer, de comprendre, de se comprendre ; une distraction dans son emploi du temps chargé de responsabilités royales. A son plus grand étonnement il ne pressentait aucun désir charnel. Elle était pourtant la vision exacte de ses rêves de jeunesse à en rugir de désir mais il voyait son corps sans le regarder et il s'interdisait de le faire. Il se forçait de rester a l'écart de toute sensualité pour garder la clarté de ses pensées, chercher la vérité de ses sentiments pour conserver la vision du futur en restant en éveil dans l'instant présent. C'est alors qu'il compris le mode d'emploi de l'amour, celui au processus de réaction nucléaire, celui qui ne meurt pas de vivre, celui qui ne peut que tendre vers l'infini, le grand générateur d'éternité. Les mois passèrent, leur relation resta faite de regards qui se cherchent, il s'établit ainsi une communication trouble, dans le non-dit. Est-ce de l'amour ? Est-ce un jeu visant à confirmer leurs pouvoirs de séduction ? Seul les dieux savent. Lors de ces rencontres, parfois, les pattes de nos joueurs s'effleurèrent griffes rentrées, tendresse gonflée comme deux coeurs dilatés par la chaleur du manque. Dans cette ambiance tendue, ils ne savent pas, ne peuvent pas trouver les mots justes, dégonfler leurs problèmes respectifs et sont inconscient des dangers que leur fait courir un tel jeu, un jeu à crever le coeur à le faire éclater en lambeaux. Un jeu à gâcher son avenir par l’alcool ou la drogue. Ainsi, souvent leurs griffes ressortirent par mégarde, par maladresse, par la folie propre aux félins. Alors, après la joute, une distance se crée, un espace de répit ou chacun se cache dans son coin, lèche ses blessures et garde en réserve un regard noir ou indifférent prêt à jeter à l'autre au cas ou. Dans le dilemme d’une part de perdre son énergie à courir après une aventure présentant les infinies facettes de l'impossible et d’autre part sa conscience lui interdisant de négliger à ses devoirs de roi, il ne sait faire d'autre que d'essayer à se forcer de l'oublier. Ainsi laissant le temps au temps, l'eau s'écoula sous le pont-levis du Château. Au début de cette période de réclusion l'on pouvait voir une forme de buée sur les yeux du vieux tigre comme une vapeur de larmes provenant du choc réactionnel de devoir se soumettre à jeter une fois encore, le plus beau de ses rêves dans l'immense poubelle pleine à saturation des réalités médiocres. Facile, il ne l'aimait pas, il ne jetait qu'une hypothèse et gardait une mélancolie légère comme une traînée de vapeur d'espoir repartie au ciel tel la queue d’une comète. L'eau passée il retrouvait le feu, celui de la joie de vivre, le bonheur de celui qui est dans l'équilibre harmonique de l'artiste en réussite, dans une confiance en soi aussi solide et acérée que la corne du redoutable rhinocéros, aussi Cool que celui qui se sait pouvoir rayonner comme un soleil et a le pouvoir magique d'aimanter comme un trou noir. Le roi lion a ses secrets, transmis directement par son père, il connait celui de la source de jouvence, le langage des signes des dieux-tigres, l'accès à la transe pour laisser entrer en lui les esprits divins et ou l'impossible devient réalisable ou les visions des futurs possibles s'établissent. Il est le gardien des valeurs dont il a hérite, il devra à son tour les transmettre. Le roi n'a pas de descendance, il sait qu'il est dans un compte a rebours angoissant, il sait qu'il ne lui est pas permis d'échouer car les dieux lions le condamnerait a renaître pour crime d’échec dans la voie du nirvana. Ainsi il ne réaliserait pas le but ultime : sa naissance de bébé dieux lion, une condition bien meilleure que celle de roi. Et alors, tard la nuit d'un beau jour des fêtes de fin d'année, au moment ou Elle n'était plus qu'un souvenir de déjà vu, la présence du roi fut requise dans un lieu qu'elle fréquentait. Il ne se sentait pas en position de force, l'atmosphère de préparatif de fête lui avait donné le blues de la solitude et un manque d'enthousiasme face à une vie sentimentale vide. Mais c'est ainsi que cette période festive les mirent en position d'échanger des regards et de n'être parfois qu'à un entrechat l'un de l'autre. Un tout petit effort et il aurait pu lui sourire puis, un de plus, lui avouer qu'elle lui manquait. Il sentait que sa présence délibérément proche signifiait une attente mais aucun mot, aucune idée ne venait a son esprit et dans cette ambiance d'embarras il finissait par fuir pour se retirer dans son palais et l'oublier peu à peu dans le travail. Enfin, en tout début d'année, le trois du premier cycle des tigres, le roi sortit pour jouer au billard. Ses pensées étaient loin d'elle et se redressant après un tir, elle lui apparut à deux mètre sans qu'il l'ait vue venir, comme par magie, attendrissante, enjouée et tout aussitôt désireuse d'affronter le roi sur un tapis qu'il connait mieux qu'elle. A l'instant même de la vision de la jeune tigresse, le coeur du roi s'était mit à frapper violement à la porte de sa conscience pour la réveiller et lui tatouer sur l’image de la belle le mot amour pour qu'il ne l'oublie plus. Je l'aime chantait dans sa tête. Et il était heureux le bon tigre, ce qu'il ne pensait plus jamais se produire, le coup de foudre des déesses de l'amour, le miracle s'était produit. Il la força à lui présenter ses voeux sous forme de lichette sur chaque babine, pour la tester, sonder les racines de son intérêt pour lui, renifler les traces de sa noblesse. Elle ne manqua pas de bonne volonté. Revenu dans son palais, il méditait, il avait peur de confondre ses rêves avec la réalité.
Amour réalité est à suivre…
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