À toi mon petit anarchiste

Un soir dans ce ventre qui ne voulait plus sentir
Tu es arrivé sans prévenir
Cet être qui t’as forcé à y entrer
N’a jamais demandé pardon
Définitivement pour ça je l’ai laissé
Après pour toi j’ai tenu bon
J’ai pourtant eu du mal d’imaginer
Que de ça une vie en moi était née

Au bout de huit mois tu n’en pouvais plus
Et déjà mort parmi nous tu es venu
Dans cette salle ils t’ont ressuscité
Et m’ont empêchée de t’emmener
De t’emmener vers ta sœur et ton frère
Ils craignaient la violence de ton père

Ils ont d’abord voulu vérifier
Qu’avec moi tu n’étais pas en danger
Tous les jours je suis revenue
Te regarder dans cette cage en verre, là tout menu
Je ne pouvais pas y entrer et ai failli venir t’enlever
Trois semaines comme ça sont passées

Pendant ce temps toi mon enfant
Tu ne sentais pas ta maman
Une inconnue de temps en temps
Pour te nourrir à tout moment
Passait sa main dans l’orifice
Et toi dans ton lit de supplices

Même pas aux bras tu n’as eu droit
Trop petit pour te sortir de là
Pourtant j’aurais pu te caresser
Si on m’en avait donné le droit
J’aurais pu te faire sentir que j’étais là
Que tu pouvais compter sur moi

De loin derrière cette vitre je te parlais
Derrière cette vitre je te promettais
De ne jamais t’abandonner, à toute cette société là
Après trois semaine n’en pouvant plus
Avec mon frère j’ai débarqué
Un couffin j’avais amené

Suis allée trouver ces sieurs
Bien décidée à t’emmener
D’eux je n’avais pas peur
Pour toi je les ai tous menacés
De t’emporter de gré ou de force
Je t’avais appelé « Laurent »
Mais sorti de cette cage en verre
Sur le bracelet mis à la naissance
J’ai lu en toutes lettres « Sébastien »
Que voulaient-ils donc faire de toi ?

Petite vie là sans défense
Tu étais déjà mon petit roi
Et cela n’allait pas se passer comme ça
Personne ne pourrait me retenir
Avec toi je devais partir
Ils étaient tous là, muets devant nous
De mon regard les ai nargués
Lentement tous les yeux se sont baissés

De nos vies se sont effacés
Et chez nous je t’ai emmené
Tout au long de ta vie tu m’as rappelé ces moments
Dès que tu ne me voyais plus tu criais
La peur de l’abandon t’est toujours restée
Sans arrêt en quête d’amour
Pour toi je priais de meilleurs jours
Tu as toujours été très bavard

Tu ne laissais jamais rien au hasard
Sans arrêt tu parlais, chantait, dansait
En secret même tu écrivais
Puis la musique tu t’es mis à jouer
Mon petit anarchiste tu étais
Un jour ces marchands de rêves tu as rencontré
Entre nous la guerre a commencé
Par amour je refusais tout ça

Je ne voulais pas que tu ailles par là
Il a fallu quelques années
Pour te ramener à la raison
Marie qui aussi a su t’aimer
Dans le bon chemin t’a ramené
Pour elle ton choix n’était pas bon
Tu as dû choisir sinon tu la perdais
Son père aussi t’a tenu tête

Et tous ensemble nous t’avons aimé
Dans quelques jours il y aura trois ans
Où je t’ai trouvé endormi
Tout doucement voulu te réveiller
Et toi, tu n’as pas bougé
Ton docteur et confident j’ai appelé
Dans l’instant il est arrivé
En rentrant il m’a dit « il est mort »

Que disait-il donc cet homme ?
Á mon avis il délirait
Non, non, tu étais seulement endormi
Tu allais bientôt te réveiller
Descendue préparer tes vêtements
La police est entrée, m’ont fait asseoir et questionnée
Ça allait s’arrêter tout ça, j’étais occupée à rêver
Non, non, ce n’était rien, cela allait passer

Pourquoi ne voulaient-ils pas un café ?
J’avais besoin de m’occuper
Un psychologue ? Mais pourquoi faire ?
Mes enfants allaient arriver
Pleurer ? Pourquoi devrais-je pleurer ?
Tout va très bien.
Laurent doit se lever et aller travailler
Mais il ne s’est pas levé
Dans du zinc ils l’ont emporté
Mal de s’habituer à ça……………….

Maintenant mon enfant, je me suis remise à danser, chanter, rire et écrire … je sais que cela te fait plaisir …

Ta maman (2005)

Triste et émouvante lettre d'amour pour la perte de cet être si cher son enfant. J'en ai eu la chair de poule, je ne trouve même pas les mots qui donnent le réconfort, je t'embrasse... Amitiés

Bonsoir Jessye,

Merci à toi de me répondre, c'est déjà un grand réconfort ...

Quand c'est arrivé j'ai eu la grande chance d'avoir deux amies africaines qui n'étaient pas coincées par la pudeur occidentale, elles ont pris congé et sont venues s'installer chez moi pendant quinze jours pour ne pas me laisser seule et pour me parler de mon fiston qu'elles connaissaient bien aussi, tu ne peux pas savoir quel bien elles nous ont fait à mes enfants et moi-même.

J'ai quelques autres amis(es) mais eux n'osaient pas m'en parler ... dommage ... le deuil c'est ça aussi, du moins pour moi.

J'ai écris à Laurent il y a un petit peu plus d'un an parce que plus le jour anniversaire de son décès approchait, plus je me sentais mal alors que je pensais qu'avec le temps cela allait s'atténuer.
Cet écris m'a en quelque sorte délivrée et si je le partage ici, c'est surtout en espérant que cela peut aider quelqu'un, voilà.

Ne t'inquiète pas pour moi tu sais, il me manque, c'est évident mais j'ai fini par accepter, je n'ai pas le choix puisque j'ai choisi de continuer à vivre ... et vive la vie !

Bisous

Elisabeth

C'est si beau ...Vraiment cette tristesse est si sincère , j'en ai les larmes aux yeux . Tu as du avoir bien mal ...Laurent doit te suivre de la-haut et te pousser a vivre encore plus. Tu as du courage !
Bisous
Perdue...

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Parcequ'on ne peut vivre d'un rêve mais que les rêves vivent pour nous
Parce -qu'on ne peut regarder en avant sans jeter un oeil en arrière
Parce-qu'on a les autres et que les autres nous ont
Chaque jour compte et comptera ...
...

Bonsoir Perdue,

Merci à toi ... la mort nous apprend à quel point la vie est précieuse aussi ...

J'aime beaucoup la citation que tu as mis au bas de ta page ... cela rejoint assez ma philosophie ... c'est de toi ?

Bisous

Elisabeth

Elisabeth sur mes joues quelques perles de rosée...
Je crois avoir connu cette peur et je sais que nous ne voulons pas voir pas comprendre, j'ai mal de te lire, mal de ne pouvoir t'apporter un peu de ce reconfort d'une epaule d'une caresse, un souffle d'amitié voila ce que je veux te donner.
Bisous
Eve

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On se demande parfois si la vie a un sens et puis on rencontre des
êtres qui donnent un SENS à la vie (Brassaî)

Bonjour Eve,

Merci à toi pour ta gentillesse et ta douceur ... ton amitié fait chaud au coeur ... amitié que je partage avec plaisir

J'ai toujours eu la chance d'être entourée d'amour, de la part de ma famille, de la part des mes amis. Je ne suis pas une nature à rester dans la tristesse, ce n'est pas mon amie, j'aime rire ... Laurent aussi riait facilement et je suis sûre qu'il ne supporterait pas qu'il en soit autrement ... je lui ai dit "rendez-vous dans un autre monde". J'avoue qu'au début j'ai eu l'envie très forte d'aller le rejoindre mais je suis restée pour mes autres enfants et pour ceux que j'aime.

Bisous et merci à toi d'être là

Elisabeth

Bonjour Elisabeth
Je me permet de te répondre encore une fois pour te dire que je relis toujours un petit bout de ton oeuvre lorsque je passe et pour repondre a ta question . Le réponse est oui , cette citation est bien de moi et ca me flatte qu'elle rejoigne un peu ta pensée, je me dis que finalement, si des gens qui ont ton courage pensent un peu comme moi, je ne sers pas a rien dans ce monde .
Merci beaucoup.
Bisous
Perdue...

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Parcequ'on ne peut vivre d'un rêve mais que les rêves vivent pour nous
Parce -qu'on ne peut regarder en avant sans jeter un oeil en arrière
Parce-qu'on a les autres et que les autres nous ont
Chaque jour compte et comptera ...
...

Re bonsoir Perdue,

Bravo pour ta citation, c'est vraiment une belle pensée ... je ne sais pas si j'ai du courage ... je trouve que la vie est tellement précieuse qu'il ne faut pas en faire n'importe quoi ... tu as raison, personne ne sert à rien dans ce monde ...

Bisous

Elisabeth