Orphelin
Dans ce monde plein d’ennui
Où chaque instant s’enfuit,
Dans l’ombre de nos espoirs,
Fragile au revoir,
Tourbillons, âpre saveur
Des jours sans clameur
Où il faut tant marcher,
L’orphelin a le cœur bâillonné,
Les yeux grand ouverts
Sur tous ses hivers
Et il a froid au dedans,
Le monde qui crie est si grand.
L’entendez vous respirer,
Ses lèvres doucement murmurer
Son fardeau éternel,
Affreuse et vile ritournelle
Sous les lamentations
De nos cerveaux en perdition,
Dans les couloirs ombragés
De nos habitudes aimantées.
Je t’ai fait un sourire, orphelin,
Mis une pièce dans ta main,
Je peux continuer de marcher,
Mon âme un instant lavée
Semble frémir sur ton front
Sans atteindre le pardon.
L’étincelle de ton regard
Me dit que le monde est bizarre,
Que l’homme est orphelin de lui même
Et qu’au fond il ne s’aime.
Ton regard m’a dit que je repartirai
Sans refermer tes plaies,
Et d’elles, je saigne quelque part
Parce que se détourne mon regard.
Ce geste banalement éphémère
N’est pas le sourire d’une mère,
Vas petit orphelin, vas
Dans ce monde hypocrite qui bat,
Un jour tu finiras de pleurer
Dans tes nuits, sur l’oreiller,
Moi je serai déjà loin,
Dans le ciel un petit point,
Un sourire tendrement figé,
Sur ton front un doux baiser.
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Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie. ( Ch. Baudelaire )