Je l'ai vu perdre un jour tous ses fruits
Alors que les jours commençaient à diminuer
Il est magnifique depuis le début de sa vie
A tel point que son charme revient chaque année...

Je l'ai vu hélas mourir à l'aube de l'hiver
Alors que les gelées pointaient leur nez
Il est nu à cette période comme un ver
A tel point que sa présence reste inachevée...

Je l'ai vu souffrir au gré des tempêtes
Alors que sa grandeur doit faire sa force
Il est là hibernant sept jours sur sept
A tel point que je l'admire avec son écorce...

Je l'ai vu renaître avec ses petits bourgeons
Alors que dehors il faisait encore un peu frais
Il est devant moi droit comme un ponton
A tel point que tous deux on se reconnaît...

Je l'ai vu m'offrir ses grandes feuilles vertes
Alors que je frissonnais chaque matin
Il est en fait l'un de tous ces arbres certes
A tel point que lui et moi sommes de vrais voisins...

Je l'ai vu un jour ouvrir des fleurs blanches
Alors j'ai compris que le printemps était là
Il est d'une verdure à l'épreuve des planches
A tel point que je m'offusquait qu'il soit si près de moi...

Je l'ai vu s'épanouir avec de beaux marrons
Alors que j'essayais enfin de changer d'air
Il est devant ma fenêtre comme un santon
A tel point que j'en oublierais que j'en suis fier...


Avril 2006