Il est là, seul, assis sur le noir bitume
La tête plongée entre ses lourdes mains
Ses yeux emplient de cette habituelle amertume
Essayant malgré tout d'oublier son chagrin.

Son âme n'éprouve ni de haine ni de colère
Il se dit que la vie est comme cela, c'est ainsi
Son esprit tente de croire en l'idée mensongère
Mais son coeur n'est pas du tout de la partie.

Pourtant, il se surprend encore à rêver
Malgré le froid de l'hiver qui renaît
A son cher pays natal tant adoré
Qui fera battre son coeur à tout jamais.

Non, il n'oubliera jamais son royaume de Capesterre
où la vie coulait comme une chaude rivière salée
Il marchait les pieds nus et la démarche légère
Goûtant délicieusement à ce grand vent de liberté.

Parcourant les petits chemins de Marie-Galante
Il s'abandonnait à sa forêt généreuse et luxuriante
Il s'émerveillait chaque jour de la faune et la flore
Qui regorgeait à elles seules de tant de trésors.

Le soir, il venait souvent comtempler la mer
Que le soleil brûlant à chaque fois, faisait rougir
Il restait là des heures, tapis au creux de sa mère
Qui bercait son petit ange avec son doux sourire.

Ces souvenirs de naguère lui tirent quelques larmes
Il n’a plus la moindre force, il n’a pas les armes
Aujourd’hui, il a encore essuyé des insultes, des coups
Lui qui ne connaissait pas la violence du tout.

Son paradis est désormais enfouit derrière la brume de Paris...