20 000 LIEUX DESSUS

Fatigué de repasser sans relâche sur la misère sa vieille loque renouée le Créateur plante dans les suifs ses chicots avant de se coucher pour retrouver ses chroniques prophétiques

Combien sont les vautours qui fauchent de leurs plumes avec la même vigueur les icônes et les comptoirs d'esclaves et qui s'admirent avec le même plaisir dans le miroir d'un baptême ou dans l'eau d'une fontaine troublée par la chevelure d'une fille violentée

La sirène de l'usine pleure Ulysse dans les ressacs des équipes fourbues de cueillir les fleurs coupantes de l'acier sur la peau brûlante et elle appelle les Furies pour que les mains grasses réchauffent de sang et de colère ses seins glacés par tant de servitude et de tromperie

Dans des mouchoirs de soies grièches les sages pleurent des guerres périphériques qui déciment les petites mains combien faut-il de fleuves de sang pour remailler les îles débarrassées des hommes et de leurs animaux mais les fauves rapaces ne sont jamais repus et mangeraient aussi le soleil s'ils pouvaient se l'approprier

Ses rêves fous corrigent d'un coup de torchon cosmique ses enfants dénaturés

Les chiens assis de la gestation des rêves publics peuvent lever la patte on a abattu le vampire qui nous suçait la pensée maintenant sans foi ni loi l'homme monte dans le bateau désarmé qui va affronter le mur des receleurs

Mon frère qui a souhaité maîtriser le temps a égaré en promenade son cartable avec les siens en couleur et son journal tire des rideaux de fumée entre les caresses et les morsures

Il désire pour toutes choses un début et une fin

Entre les deux extrémités volent des insectes fous furieux de mouvements et de sang pour meubler l’espace les tribus regrettent les vieilles mythologies où les hommes faisaient la guerre dans le ventre d’une idole qu’ils se choisissaient les champions redoutent d'emporter dans une fiole les humeurs tièdes des chairs ouvertes et de confondre le secours et le coup de grâce on entend des péans qu'on décrypte avec leurs papillons couverts de poussière

Il signe la malversation des langues et recouvrent de lichens la poudre irisée des divinations

Sur les câbles rouillés des entrelacs d’épis pourris des parfums d'animaux dérangés qui moussent sous les filets du pêcheur de rêves les oiseaux délicieux ont déjà migré pour délivrer leurs chansons et les mettre en lieu sûr je suis si désorienté dans ma nuit vaccinée d’étoiles que j’abîme leurs feuilles de routes au fond de l'océan avec les tankers chargés de l'encre qui impose mon cauchemar sur le sable et les corps endormis sur la plage cueillis comme des fruits amers attendent la canicule pour allumer leur mèche devant la bouche écumante qui respire toujours comme au temps où les bancs ont avalés les cervelles de reptiles englués de lave fumante des passants aléatoires suffisent pour retrouver traces d'invraisemblables probabilités qui ont flirté avec la vie l'envie la mort et le remords la mue des présences sapées au-delà des écorces sacrées

Il n'est pas encore entièrement figé dans la pierre et le sel Il reste le maître du silence protégé dans des murs de cathédrales où les vengeances occupent le chœur comme un artichaut épris d'aliénation Il le mange pour écrouler les roses de verres dans des camisoles à fleurs

Finies les âmes fantoches qui mettent dans dans leurs larmes les nefs désarmées seules les statues marquent de leurs reliques décharnées les stations inaccessibles des troupeaux il ne faut s'inquiéter les carnivores sont repus dans le brouillard comme dans de la mie de pain rassis plongée dans de la rouille la plaine est insubordonnée aux croûtes du repos achevé le soleil est à nouveau collé derrière les murs

Il écume avec ses anges les cafés de nuit et crache sur les rochers qui pilent la liberté des artistes que des voleurs ont enfermée dans des rancœurs pélagiques

tout simplement magnifique écrit...je devrai relire encore pour tout comprendre

merci mon ami, ce fut une tres belle lecture !

je te remercie beaucoup Renée