AU COUVENT
Ça se passe au couvent, la Mère supérieure
Toujours réveillée tôt, et de bien bonne humeur,
Décide d’aller voir dans la cour intérieure
Toutes les bonnes sœurs pour prier le Seigneur.
– « Bonjour Sœur Marie-Jo, je vous trouve très bien,
Et ce que vous tissez, je l’avoue, est superbe ! »
– « Merci beaucoup ma Mère, et vos mots ont combien
Cet effet magistral que le culte exacerbe. »
La Novice, à son tour, poursuivant l’entretien,
Ne peut pas s’empêcher de dire avec réserve :
- « Vous me semblez ma Mère aller un peu moins bien,
Levée du mauvais pied, pour peu qu’on vous observe. »
La doyenne, Ã ces mots, montra un air perplexe,
Loin de s’en inquiéter, aussi de sourciller,
Continua sa ronde, et sans aucun complexe,
Salua chaque nonne en train de travailler.
Et chacune, pourtant, fit le même constat.
Excédée, dents serrées, à la quinzième nonne
Elle dit : « Sœur Emma croyez-vous un iota
Que je me sois levée du mauvais pied ? » aphone.
- « Oui, ma Mère c’est vrai ! », lui répond la Novice.
- « Qu’est-ce qui vous permet de pouvoir dire ça ? »
- « Oh ! ne m’en veuillez pas », dit-elle laudatrice,
« Vous marchez ce matin légèrement pied plat
Avec les sandales du Père Jean-Benoît… »
Et, depuis, le couvent eut sa crise de Foi.
ANDRÉ
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Citation :
La poésie se nourrit aux sources de la prose et s'embellit au concerto des mots. (André LAUGIER)