Le maître du rapiéçage

j’ai tout dédié à la poésie
le temps est venu
pour investir en moi

je fais mon inventaire:
tant de parties manquantes
tant d’années perdues
tant de cicatrices
tant de crevasses
tant de blessures saignantes
tant d’absences, de désirs
et juste une ombre

hum!

je demande au pharmacien
des médicaments
en vain, aucun effet
ce que j’ai perdu reste irrécupérable
ce que j’ai cassé reste irremplaçable
ce qui me fait mal ne trouve pas de remède
ce qui est mort en moi reste mort à jamais
comme une tombe que je porte en tout lieu
jusque dans mes songes

que devrais-je faire?
je ne veux plus rapiécer ma vie de poésie!

et pourtant
un poème d’une voix d’enfant
et un poème d’une voix de femme
m’empêchent de rapiécer le ciel
de mon âme