Je sais un ténébreux, un bœuf inconsolé,
un beau blond d’Aquitaine à la bourse abolie.
Sa seule verge est morte, et son flanc constellé
porte le Soleil noir de la MĂ©lancolie.
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Sa médaille d’argent ne l’a pas consolé.
Sur Twitter on parlait d’implants en Italie.
Mais ce n’était qu’un fake. Il en fut désolé.
À son lourd handicap ce canular s’allie.
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Le pauvre, en mal d’amour, prend du lard à Biron,
ruminant son échec à connaître* la Reine
(qui fut médaille d’or des blondes d’Aquitaine).
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Mais il ignore encor que l’attend l’Achéron
et que, ne disposant de la lyre d’Orphée,
il finira tantôt roast beef à l’étouffée.
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*dans son acception biblique
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Un bœuf à BironPour info, voici le sonnet de Gérard de Nerval. Pour composer mon pastiche j'ai repris dans l'ordre les mots-rimes
El Desdichado
Je suis le Ténébreux, — le Veuf, — l’Inconsolé,
Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Étoile est morte, — et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la MĂ©lancolie.
Dans le nuit du Tombeau, Toi qui m’a consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s’allie.
Suis-je Amour ou Phoebus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J’ai rêvé dans la Grotte où nage la Syrène...
Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la FĂ©e.
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